La prise de conscience du paradoxe : le préalable exclusif…
De tous les obstacles qui freinent la dynamisation de la filière ” énergies renouvelables ” en Côte d’Ivoire, l’obstacle politique est inéluctablement le plus déterminant.
Parce qu’il a normalement pour vocation de penser le développement, le gouvernement devrait initier une politique énergétique tenant compte à la fois des potentialités et des besoins des populations. Une prise de conscience du paradoxe entre l’état des lieux (une population sans électricité trop nombreuse ainsi que des problèmes de délestage de plus en plus récurrents) et les ressources naturelles (permanence d’un soleil abondant et gratuit) est le préalable à la dynamisation du secteur.
Une politique énergétique appropriée
Le ministère des mines et de l’énergie est certes déjà doté d’une politique énergétique pertinente… Seulement, il lui faut intégrer désormais des défis nouveaux, notamment la conciliation d’un développement socio-économique et l’engagement du protocole de Kyoto (conclu en 1997, et lutte contre le réchauffement climatique par la réduction des Gaz à Effet de Serre) d’une part et le développement des énergies renouvelables d’autre part. Pour sa part, le ministère de l'”Environnement, Eaux et Forêts “, pourrait jouer un rôle plus important qui va au delà des vocations purement consultatives du CNDD (Commission Nationale du Développement Durable) ou de AN-MDP (Autorité Nationale pour le Mécanisme pour un Développement Propre).
En effet, l’implication des énergies renouvelables, pour la lutte contre le réchauffement climatique, fait du ministère en charge de l’environnement un acteur désormais clé dans la vulgarisation des énergies alternatives, au même titre que le ministère chargé de l’énergie.
La promotion des ressources humaines
l’IREN, Institut de Recherche des Energies Nouvelles de la Côte d’Ivoire a besoin d’un peu plus d’attention, si nous voulons qu’il atteigne les objectifs qui lui sont fixés. Fonctionnant en ce moment comme un laboratoire ordinaire, car rattaché à une Unité de Formation et de Recherche, l’Institut est très limité : de nombreux projets sont élaborés par les chercheurs de cet Institut et attendent depuis des années un financement. Aucune vulgarisation d’une technologie nouvelle relative aux énergies nouvelles et renouvelables ne se fera (ou se fera difficilement) si l’Institut que l’on veut de référence n’a que des moyens limités. Un renforcement des capacités et une extension de ses prérogatives semble indispensable. Plus généralement, la diffusion des énergies renouvelables requiert un savoir spécifique : les plus grands échecs dans le domaine des installations solaires par exemple ont été souvent liés à des mauvaises installations. L’État pourrait encourager et planifier la formation d’ingénieurs et de techniciens spécialisés dans le domaine des énergies renouvelables, pouvant alors garantir des installations fiables.
En attendant, des mécanismes de transfert de technologie existent…
Christophe GBOSSOU
Article paru sur Mediaterre 23/01/10