Les 175 pays réunis depuis lundi 29 mai 2023 à Paris pour élaborer les premiers contours d’un traité contre la pollution plastique n’ont pas réussi à entamer les négociations sur le fond du sujet à cause d’un blocage sur les règles d’adoption finales du texte.
L’Arabie Saoudite et plusieurs pays du Golfe ainsi que la Russie, la Chine, l’Inde ou encore le Brésil refusent que le futur traité soit approuvé par un vote à la majorité des deux tiers si jamais un consensus n’était pas trouvé.
En face, une majorité de pays défendent le vote comme ultime recours, ce qui permettrait de passer outre à une minorité de blocage. Ou bien ils considèrent, a minima, que cette question peut être tranchée ultérieurement.
La discussion, entamée en séance plénière lundi après-midi, a encore occupé la totalité des délégations toute la journée de mardi.
La plénière a été levée en début de soirée et un groupe informel a été chargé de poursuivre les échanges avec le mandat de trouver une issue permettant aux négociations de démarrer mercredi matin.
“Nous passons à côté de ce qui nous réunit ici, à savoir la pollution plastique”, avait tonné mardi matin Camila Zepeda, de la délégation mexicaine. “Nous perdons du temps et de l’énergie dans des discussions qui tournent en rond (…) Passons à l’essentiel”, a-t-elle réclamé, vivement applaudie par la majorité des délégations et par les observateurs des ONG, présents dans les tribunes.
“C’est le droit des Etats membres de faire des suggestions” et “nous ne sommes pas favorables à la définition erronée du consensus de certains Etats”, a rétorqué un diplomate de l’Iran, pays lui aussi opposé.
Selon un négociateur européen, “la question a déjà été tranchée” lors du premier cycle de négociations fin 2022 en Uruguay, “et ces pays tentent de revenir en arrière”.
“La stratégie de certains pays est de retarder les débats”, estime Joan-Marc Simon, directeur de Zero Waste Europe, “car si on veut un traité ambitieux qui porte sur l’ensemble du cycle de vie du plastique, cela va prendre du temps à négocier”.
Aucun brouillon d’accord n’est encore sur la table, et le sommet de Paris, qui se termine vendredi, ne sera suivi que de trois autres rendez-vous de négociations d’ici fin 2024.
Pour le militant, “ces pays veulent bien un traité, mais qui parle seulement de la fin de vie du plastique, d’améliorer la gestion des déchets et d’éviter les rejets dans l’environnement”. Ecartant donc les questions de réduction de la production, de toxicité de certains composés, des microplastiques, etc.
“Cela fait maintenant deux jours que le traité mondial sur les plastiques est bloqué par une coalition de pays réticents, dirigée par l’Arabie saoudite”, a abondé mardi soir Graham Forbes, un responsable de Greenpeace: “nous demandons aux pays d’arrêter de perdre du temps et de commencer à discuter des questions essentielles pour résoudre la crise de la pollution plastique”.
Les accords de Paris sur le climat ou de Kunming-Montréal sur la biodiversité ont été approuvés par consensus, comme la plupart des traités établis sous l’égide des Nations unies, c’est-à-dire sans vote, même à main levée.
Une approbation par vote, faute de consensus, ne serait toutefois pas inédite. Elle a notamment été utilisée en 2013 quand 140 pays ont adopté la Convention internationale sur le mercure, signée à Minamata (Japon).
Ce lundi 04 juin 2023 s’ouvre à Abidjan en Côte d’Ivoire la Journée mondiale de l’Environnement, Le thème de cette édition est “les solutions à la pollution plastique”, “un fléau qui nous menace tous”, avait précisé le ministre ivoirien de l’Environnement et du Développement Durable, Jean-Luc Assi,lors du lancement en mars dernier.
Humaniterre avec © Agence France-Presse