EXEMPLE D’AGROFORESTERIE ATRAVERS LE MONDE
L’agroforesterie des zones tempérées
L’agrisylviculture
Les systèmes agrisylvicoles des zones tempérées consistent souvent à associer une culture agricole annuelle à des feuillus conduits en cycle court. Une parcelle agrisylvicole conserve un statut de terre agricole : elle se compose d’allées cultivées larges de 8 à 24 m voire plus, autorisant la mécanisation, la fertilisation et l’emploi de pesticides, et assurant ainsi un niveau de production satisfaisant durant plusieurs années. Cette option impose le choix d’une sylviculture intensive ou « véritable culture d’arbres ». (Photo : Gavaland 2003).
Parmi les feuillus précieux, le merisier (Prunus avium), le noyer (Juglans sp.), l’olivier (Olea sp.), le cormier (Sorbus domestica), l’alisier (Sorbus aria), le frêne (Fraxinus excelsior), l’érable (Acer sp.), l’aulne (Alnus glutinosa), l’acacia (Robinia pseudacacia) ou le chêne (Quercus sp.) seront récoltés entre 50 et 60 ans dans les milieux les plus productifs. Le sylviculteur cherche à obtenir le plus vite et le plus régulièrement possible du bois d’oeuvre de qualité d’un diamètre à 1,30 m d’au moins 50 cm, et une hauteur de bille élaguée comprise entre 5 et 6 m. Le bois des ces arbres à forte valeur ajoutée est généralement destiné à l’ébénisterie (meuble, charpente, ornementation, etc.). Parmi les essences à croissance rapide, le paulownia (Paulownia elongata), l’eucalyptus (Eucalyptus sp.), le peuplier (Populus sp.) ou le platane (Platanus occidentalis) sont souvent utilisés. Leur cycle peut durer de 10 à 25 ans, et leur bois est destiné au déroulage (pâte à papier, contre-plaqué, allumette, etc.). Chez les résineux, on peut citer le pin de Monterey (Pinus radiata), ou le pin sylvestre (Pinus sylvestris) et le sapin de Nordmann (Abies nordmanniana) qui sont utilisés comme arbres de noël. L’agrisylviculture est présente dans de nombreux pays des zones tempérées comme la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la Chine, les Etats-Unis, et la plupart des pays européens (Photo : Chifflot 2004).
Pour en savoir plus, consultez le site du programme européen SAFE (des Systèmes Agroforestiers pour les Fermes Européennes) qui traite en grande partie des systèmes agrisylvicoles.
Le sylvopastoralisme
Le système sylvopastoral est une parcelle boisée dont le sous-bois est patûré ou récolté comme fourrage pour des animaux d’élevage. Les arbres sont utilisés pour leur bois mais aussi pour leur rôle de protection pour les animaux d’élevage. Les fruits, les graines ou les feuilles des arbres sont aussi une source alimentaire pour les animaux. Le sylvopastoralisme est une forme traditionnelle d’association arbres-animaux qui connaît un véritable regain d’intérêt dans les zones de montagne et dans les zones méditerranéennes. On peut citer la dehesa en Espagne ou montado au Portugal (Photo : Vincent Chifflot 2003, taureaux à l’ombre d’eucalyptus en Andalousie, Espagne).
Les haies
Il existe différents types de haies : les haies taillées, les haies libres, les petits brise-vent (windbreaks), les bandes boisées et les grands brise-vent. On les distingue en fonction de leur composition, de leur hauteur et de leur utilité. Elles peuvent protéger les cultures (vent, neige, gel), atténuer les nuisances pour les riverains (déplacement d’air, bruit, odeur), produire du bois et des fruits, limiter l’érosion par l’eau et le vent, etc. (photo : Vincent Chifflot 2007, haie de peupliers près de La Pocatière au Québec).
Les bandes riveraines
Les bandes riveraines (riparian buffer trips) sont intercalées entre un cours d’eau ou un plan d’eau et une parcelle cultivée ou pâturée. Elles se composent d’arbres, d’arbustes et d’autre végétation sur une largeur de plusieurs mètres. Plus leur structure est complexe, plus la diversité biologique qu’elles contiennent est élevée (insectes, petits mamifères, oiseaux, etc.). Elles préviennent l’érosion des rives et aident à préserver la qualité de l’eau. Les bandes riveraines peuvent aussi avoir un rôle dans le contrôle biologique des espèces d’insectes nuisibles pour les champs avoisinants. En plus des nombreux services qu’elles peuvent rendre, les bandes riveraines peuvent produire du bois de chauffe ou de construction (Photo : Vincent Chifflot 2007, bande riveraine nouvellement installée près de St-Stephen, Nouveau-Brunswick).
Les produits forestiers non ligneux
Les produits forestiers non ligneux (non-timber forest product) comprennent tous les produits forestiers non industriels offerts par les arbres, les arbustes et d’autres végétaux de la forêt, dont les champignons, le gibier, le latex, et les résines, les fruits et les noix, les épices et les huiles, ainsi qu’une multitude de sources de médicaments traditionnels et modernes. On les appelle également les produits forestiers d’extraction, secondaires ou de cueillette. (Photo : Vincent Chifflot 2007, culture d’actée à grappes noires près de Québec).
ENCADRE 2
L’agroforesterie des zones tropicales humides et subhumides ( oui, cette partie nous concerne)
Les plantations sous couvert arboré
ou ‘’plantation sous bois’’
La plantation sous couvert arboré (plantation crop combinations) consistent à associer des cultures tolérant bien un certain ombrage (plante cyaphile), comme le caféier et le cacaoyer, avec des arbres qui constituent un étage supérieur recouvrant les cultures d’ombre (Photo : café sous ombrage d’eucalyptus au Costa Rica, Gitane St-Georges).
Des expériences de ce type ont été tentées en Côte d’Ivoire et certaines communautés des régions qui couvrent l’ancienne boucle du cacao (zone de Bongouanou et Dimbokro) ont jadis pratiqué cette agriculture qui permet aux arbustes de se développer en même temps que les cultures pérennes. Mais le plus souvent, les paysans ont finit par abattre tous les arbres en même temps qu’évoluaient les plantations ; ils n’en ont pas fait une gestion rationnelle avec des prélèvements programmés ponctués de re-plantation. Les structures de l’Etat (Sodefor, MINAGRI, CGFCC) devraient mettre en œuvre une véritable politique d’encouragement et de suivi pour éventuellement relancer cette méthode.
Les jardins de case
Les jardins de case (homegardens) sont des associations denses qui se trouvent à proximité de la maison familiale, et qui regroupent une grande variété de plantes ligneuses et non-ligneuses. (photo : Caroline Rochon)
Les jardins multiétagés
Les jardins multi étagés (multi layer tree gardens) désignent des associations complexes de nombreuses plantes ligneuses et non-ligneuses aux usages multiples, qui occupent divers étages de l’espace aérien. Leur structure rappelle celle de la forêt tropicale.
Les ‘’Taungya’’
Les taungya sont des plantations d’arbres où la culture de plantes annuelles est pratiquée entre les rangées d’arbres durant les premières années de leur croissance.
Les cultures en couloirs
Les cultures en couloirs (alley cropping) désignent la disposition linéaire d’une culture annuelle et de haies d’arbustes régulièrement émondées afin de fertiliser les couloirs de culture qui les séparent. L’association de céréales et de légumineuses arbustives fixatrices d’azote y est très fréquent.
Les jachères améliorées
Les jachères améliorées (improved fallows) consistent à implanter des espèces ligneuses, le plus souvent fixatrices d’azote, pour améliorer la capacité de la jachère à restaurer la fertilité du sol dans les systèmes de cultures
itinérantes sur abatis brûlis (slash and burn agriculture) (Photo : Acacia manguin, Damase Khasa).
ENCADRE 3
L’agroforesterie des zones tropicales arides et semi-arides
Les techniques sylvopastorales
Les techniques sylvopastorales des régions tropicales et des régions semi-arides se décomposent en trois sous-systèmes assez fréquents : les arbres fourragers présents sur les aires de pâturage ou autour, les haies vives d’arbres fourragers (Leucaena, Calliandra, Sesbania, Euphorbia, etc.), et les arbres ou arbustes sur les aires de pâturage (Photo : haies vives au Costa Rica, Gitane St-Georges).
Les parcs agroforestiers
Les parcs agroforestiers (parklands) désignent les associations de diverses cultures annuelles avec un couvert clairsemé d’arbres variés, comme Faidherbia albida, le karité (Vitellaria paradoxa) et le néré (Parkia biglobosa), qui sont protégés par les paysans en raison de leurs multiples usages. (Photo : Yves Thériault, Champs d’arachides au Sénégal – fin sept 2005).
Une Sélection actualisée de : EDOUKOU Adou
Source : – Univeristé Laval Québec Canada, par Vincent Chifflot