Lubumbashi, RD Congo
Dimanche 23 novembre 2025
“Malgré l’interdiction formelle d’accès au site en raison des fortes pluies et des risques d’éboulement, les creuseurs clandestins ont forcé l’entrée dans la carrière”, a assuré Roy Kaumba Mayonde, ministre provincial de l’Intérieur, dans une déclaration à la presse.
La “traversée précipitée des creuseurs” a provoqué l’effondrement d’un pont artisanal, qu’ils avaient construit pour traverser une tranchée inondée délimitant le site, a ajouté ce responsable.
“A ce jour, 32 corps sans vie ont été repêchés”, a-t-il dit, précisant que les opérations de recherche “se poursuivent”.
– mouvement de panique –
Un rapport du Service d’assistance et d’encadrement de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle (Saemape)- un organisme gouvernemental chargé d’apporter une assistance technique et financière aux coopératives minières – consulté par l’AFP dimanche, a évoqué un mouvement de panique causé par des militaires présents sur le site.
“Dans leur chute”, les mineurs se sont “entassés les uns sur les autres, causant des blessures et des morts”, indique le document.
Des images transmises par le bureau provincial de Commission Nationale des droits de l’homme(CNDH), un institut public, montrent des mineurs en train d’extraire des corps entassés au fond de la tranchée, et aux moins dix-sept corps allongés sur le sol à proximité du lieu de l’accident.
Les autorités provinciales ont annoncé dimanche la suspension des activités sur le site.
“Plusieurs sociétés minières de notre pays sont souvent victimes de ce type d’invasion par des creuseurs clandestins”, a fustigé le ministre provincial de l’Intérieur.
Les accusations portant sur le travail des enfants, les conditions de travail dangereuses ainsi que sur la corruption dans le secteur artisanal pèsent sur l’ensemble de l’industrie du cobalt en RDC.
– Plaintes –
“Plus de 10.000” creuseurs artisanaux sont présents sur le site de Kalando, a assuré à l’AFP Arthur Kabulo, coordinateur de la CNDH dans la province de Lualaba.
Selon le rapport du Saemape, le site de Kalando fait l’objet depuis plusieurs mois d’un contentieux entre les creuseurs artisanaux et une coopérative minière censée les encadrer, ainsi que les exploitants du site.
La mine de Kalando est un site “d’exploitation semi-industrielle”, assurée par “un partenaire chinois du nom de Pan Kai lequel, pour des raisons sociales, aurait autorisé l’accès” aux mineurs artisanaux “chaque samedi et dimanche”, relate ce rapport.
Le Saemape dit avoir sollicité l’encadrement des mineurs artisanaux par la coopérative minière Kany Mining (Comikam).
Mais cette coopérative et les mineurs artisanaux ont été “selon leurs termes, chassés par des éléments armés” et “les deux parties avaient saisi les autorités provinciales”, affirme le document.
La Comikam avait adressé début mars une plainte aux autorités provinciales et au Saemape, jointe au rapport, fustigeant l’occupation “illégale” du site par des “individus, en particulier des militaires”.
Les creuseurs du site avaient, de leur côté, adressé une autre plainte au Saempae, datée du 10 mars, accusant la Comikam de les avoir “chassés du site pour travailler avec les engins du partenaire J.M.J”, décrit comme un “partenaire chinois” par le Saempae.
Ces creuseurs avaient également assuré avoir été “victimes d’arrestation sur le site” par des militaires, avant d’être relâchés deux jours plus tard “sans cause ni motif”.
Humaniterre avec AFP
Image d’archive à titre d’illustration






