L’actuel réchauffement climatique et la prise de conscience de la quasi-totalité des décideurs de ce monde favorisent aujourd’hui l’amplification du débat sur les possibilités d’exploiter d’autres sources d’énergies. En effet depuis quelques décennies déjà, la plupart des pays industrialisés intègrent en douceur les énergies ” moins polluantes ” dans leurs politiques énergétiques.
En Côte d’Ivoire, les projets importants concernant les énergies renouvelables ne pointent toujours pas à l’horizon : il faut dire que grâce à ses six barrages hydroélectriques, son gaz naturel et son pétrole, le pays est dit autosuffisant énergétiquement et fait partie de ceux qui, en Afrique de l’ouest, exportent de l’électricité !
Il est vrai que différentes expériences d’électrification solaire existent et ont été faites dans le pays. Dès le début des années 80, la Côte d’Ivoire, par l’intermédiaire de l’EECI (Energie Electrique de Côte d’Ivoire), a pris conscience de l’intérêt que présente l’énergie solaire. Ainsi, le premier projet solaire initié en 1981, qui est en réalité un projet pilote, s’inscrivait dans le cadre d’un programme d’électrification rurale expérimentale s’étendant de 1981 à 1986. Dénommé projet d’électrification rurale expérimentale solaire de Lataha, cette expérimentation a donné quelques résultats encourageants, ayant favorisé la réalisation d’autres petits projets solaires en l’occurrence les installations électriques de Ninkro à Toumodi.
Par ailleurs d’autres actions ponctuelles de moindre envergure ont été menées par l’Etat de Côte d’Ivoire.
On distingue :
-Un programme de solarisation mis en place à partir de février 1995 par le gouvernement ivoirien. Depuis juin 1995, des tests de solarisation ont été initiés par la Direction de l’Énergie dans la région de TOUBA (Ouest de la Côte d’Ivoire) et KORHOGO (Nord de la Côte d’Ivoire). Certaines installations solaires ont été faites bien avant le programme gouvernemental et totalisent plus de 90 KWc. Elles étaient dédiées à plusieurs usages, à savoir : le pompage d’eau, la communication et la signalisation, l’éclairage domestique, l’éclairage public, les points de convivialité.
-Le Projet ATERSA
Le projet ATERSA avait pour objectif de fournir de l’électricité par systèmes d’énergie solaire photovoltaïques à 105 villages situés dans une zone éloignée du réseau électrique conventionnel, en Côte d’Ivoire. La réalisation technique et son financement devaient être réalisés par une entreprise espagnole, ATERSA. Le projet ATERSA a été interrompu en 2002, en raison des évènements survenus en septembre (rébellion armée et partition du pays).
Depuis, plus rien…
Malgré donc un flux solaire moyen avoisinant les 5 kwh/m2/j, une population toujours dans l’obscurité estimée à 6 millions d’habitants et la parfaite connaissance de l’importance des enjeux écologiques de la promotion des énergies renouvelables, le pays continue d’hésiter…
Il faut pourtant reconnaître les efforts du FEM. En effet, Le PNUD FEM de micro financement (confort minimum), dans l’exécution de son programme opérationnel de lutte contre les changements climatiques visant la promotion des “énergies alternatives au sein des groupes communautaires ruraux et périurbains”, a permis de promouvoir les technologies économes en énergies ainsi que des sources d’énergie renouvelables (solaire, biogaz, etc..). Le programme qui existe depuis 1999 a permis à travers un réseau d’ONG (Organisation Non Gouvernementale), d’OCB (Organisations Communautaires de Base) et de Mutuelles de développement, l’électrification au solaire photovoltaïque d’écoles, de logements de personnel soignant ou enseignant, de centres de santé dans les Zones d’Intervention Prioritaire (ZIP) du FEM (Nord, Centre, Sud-est, Sud-ouest) à un rythme moyen de 1 500 Wc /an correspondant à environ 260 000 $US /an. Il a également permis l’installation de chauffe eaux solaires, des réfrigérateurs solaires ainsi que de nombreux projets de foyers améliorés.
Face à l’importance de la crise écologique, les initiatives relatives à la diffusion d’énergies alternatives aux fossiles issues de structures internationales ou privées ne devraient pas supplanter les actions de l’Etat…
Christophe GBOSSOU
Doctorant à l’école Doctorale SIS (Sciences, Ingénierie, Santé) de St Étienne, Christophe GBOSSOU est diplômé de master 2 recherche en études du développement, obtenu à l’Institut des Hautes études Internationales et du Développement de Genève en Suisse, et s’intéresse aux enjeux et aux réseaux d’innovation liés à la diffusion des énergies renouvelables dans les pays en développement. Actuellement au centre SITE (Science, Information et Technologie pour l’Environnement) et a pour directeur de thèse le professeur Christian Brodhag.
e-mail: cgbossou@yahoo.fr