Belém, Brésil
Vendredi 05 septembre 2025
Dans une des ruelles colorées et délabrées du centre historique de la capitale de l’Etat du Para (nord), l'”Hôtel COP30” peut loger 40 personnes.
Auparavant, c’était un “motel”, établissement aux chambres louées à l’heure et habituellement réservées aux ébats amoureux.
Mais les nouveaux propriétaires ont réalisé des travaux et l’ont renommé pour la conférence.
“Belém n’a jamais reçu un tel événement et les prix ont échappé à tout contrôle”, admet le gérant, Alcides Moura.
Il a lui-même commencé à proposer des chambres à 1.200 dollars la nuit… avant de se raviser, fixant des prix entre 200 et 350 dollars.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva met un point d’honneur à ce que la conférence annuelle de l’ONU sur le climat, prévue du 10 au 21 novembre, ait lieu dans la région qui abrite la plus grande forêt tropicale de la planète.
Mais l’offre d’hébergements est limitée, et les prix ont atteint des niveaux stratosphériques. Quelque 50.000 personnes du monde entier sont attendues.
En juillet, plusieurs pays ont même réclamé un changement de ville, en vain.
Jusqu’à présent, seuls 68 des 198 pays participants ont payé leurs réservations. “Ce n’était jamais arrivé dans les autres COP. Normalement, tout le monde a de quoi s’héberger trois mois avant”, dit à l’AFP Marcio Astrini, du réseau brésilien d’ONG Observatoire du climat.


(ARCHIVES) Cette photographie montre une vue de l’un des projets d’infrastructure (C) en cours pour la COP30 à Belém, dans l’État du Pará, au Brésil, le 16 juin 2025. Le Brésil accueillera la conférence des Nations unies sur le climat COP30 en novembre dans la ville amazonienne de Belém. (Photo de Carlos Fabal / AFP)
– “Combattre les abus” –
De toutes les capitales régionales du Brésil, Belém est celle qui compte la plus grande part de population vivant dans des favelas: 57% sur 1,4 million d’habitants.
Mais pour les propriétaires de logements, la COP30 est une aubaine. Ronaldo França, retraité de 65 ans, va louer pour la première fois la maison où il passe habituellement le week-end dans les faubourgs de Belém.
Le prix: 370 dollars la nuit, pour un logement avec trois chambres doubles et une piscine. “Je ne vais pas demander un loyer exorbitant”, glisse-t-il.
Les autorités locales ont mis en place en août un groupe de travail pour aiguiller les délégations étrangères.
“L’offre de lits est garantie”, affirme le gouverneur du Para, Helder Barbalho, admettant la nécessité de “combattre les abus”.
“Ceux qui voulaient du luxe ont pu aller à la COP à Dubai (en 2023, ndlr), ceux qui veulent vivre l’expérience de l’Amazonie vont découvrir Belém”, résume-t-il.
Dotée d’une infrastructure limitée, la ville a reçu pour la COP plus de 700 millions de dollars d’investissements publics. Le Parc de la Ville, énorme centre de conventions édifié dans un terrain arboré, accueillera les négociations.
– Bateaux de croisière –
Selon les autorités, 60% des délégués seront logés chez l’habitant.
Les hôtels “sont presque tous pleins”, explique Toni Santiago, président de l’association hôtelière du Para, qui a rejeté la demande du gouvernement de plafonner les prix.
“Personne ne doit faire ça dans les autres grands événements à travers le monde, alors pourquoi à Belém?”, argumente-t-il.
Pour augmenter l’offre, deux bateaux de croisière proposeront 6.000 lits supplémentaires, mais le port est situé à 20 km du centre de conventions.
Même si Airbnb a annoncé que les prix moyens ont baissé de 22% depuis février, il est difficile de trouver des nuits à moins de 100 dollars, prix réclamé par l’ONU pour les délégations des pays les plus démunis.
Cette COP pourrait être “la plus excluante de l’histoire”, alerte l’Observatoire du Climat. Pour Marcio Astrini, les problèmes d’hébergement ont relégué au second plan “ce qui est réellement important, comme les objectifs de réductions d’émissions ou le financement climatique”.
Les petits Etats insulaires regrettent les “coûts prohibitifs” associés à la prochaine COP30 de Belem et craignent de devoir réduire la taille de leurs délégations en raison des logements inabordables.
Le chef de l’Etat autrichien Alexander Van der Bellen avait indiqué qu’il ne participerait pas à la COP30 au Brésil en novembre, notamment en raison des coûts faramineux des hôtels.
Humaniterre avec AFP