Dimanche 09 novembre 2024
Sydney, Australie
La COP29 ? “Une perte de temps totale”, balaie le ministre des Affaires รฉtrangรจres de Papouasie-Nouvelle-Guinรฉe Justin Tkatchenko, le jeudi 30 octobre dernier, annonรงant le boycott de la confรฉrence sur le climat par son pays, qui en a assez “du manรจge qui a consistรฉ ร ne rien faire du tout au cours des trois derniรจres annรฉes”.
“Il ne sert ร rien d’y aller si nous nous endormons ร cause du dรฉcalage horaire, parce que nous ne ferons rien”, dรฉclare le ministre ร quelques jours de l’รฉvรฉnement qui se tiendra du 11 au 22 novembre ร Bakou en Azerbaรฏdjan.
“Tous les grands pollueurs du monde promettent des millions de dollars pour aider ร lutter contre le changement climatique”, relรจve le ministre. “Je peux dรฉjร vous dire que tout cela va รชtre confiรฉ ร des consultants”.
“Pourquoi dรฉpensons-nous tout cet argent pour nous rendre ร l’autre bout du monde et participer ร ces colloques ?” s’interroge-t-il.
Tkatchenko assure que sa position est applaudie par les autres nations du Pacifique.
Ces Etats insulaires de faible altitude, tels que Tuvalu et Kiribati, sont gravement menacรฉs par l’รฉlรฉvation, mรชme modรฉrรฉe, du niveau de la mer.
Bordรฉe par l’ocรฉan, la Papouasie-Nouvelle-Guinรฉe est considรฉrรฉe comme trรจs vulnรฉrable aux pรฉrils du changement climatique.
En mai, un vaste glissement de terrain a englouti un village entier et enseveli plus de 2.000 personnes dans les hautes terres de la province d’Enga, dans le centre-est de l’รฎle de Nouvelle-Guinรฉe.
– “Aucune reconnaissance” –
“Je parle au nom des petits รtats insulaires dont la situation est pire que celle de la Papouasie-Nouvelle-Guinรฉe. Ils n’ont bรฉnรฉficiรฉ d’aucune attention ni d’aucune reconnaissance”, dรฉnonce M. Tkatchenko.
Rosanne Martyr, de l’institut Climate Analytics basรฉ ร Berlin, avait dรฉjร confiรฉ fin aoรปt ร l’AFP que des pays comme le Vanuatu, la Papouasie-Nouvelle Guinรฉe ou la Micronรฉsie avaient d’ores et dรฉjร perdu “plus de 1% de leur PIB en raison de la montรฉe des eaux”.
“La Papouasie-Nouvelle-Guinรฉe cherchera plutรดt ร conclure ses propres accords sur le climat par le biais de discussions bilatรฉrales”, argue M. Tkatchenko, prรฉcisant que des nรฉgociations รฉtaient dรฉjร en cours avec d’autres nations de la rรฉgion.
“Avec des pays aux vues similaires comme Singapour, nous pouvons faire 100 fois plus que la COP”, assure-t-il.
La Papouasie-Nouvelle-Guinรฉe est l’une des cinq nations du Pacifique impliquรฉes dans une affaire cruciale portรฉe devant la Cour internationale de justice, qui dรฉterminera si les pollueurs peuvent รชtre poursuivis en justice pour avoir nรฉgligรฉ leurs obligations en matiรจre de climat.
L’รฎle de Nouvelle-Guinรฉe, dont l’Etat de Papouasie occupe la moitiรฉ orientale, abrite la troisiรจme รฉtendue de forรชt tropicale de la planรจte, selon le Fonds mondial pour la nature.
La Papouasie-Nouvelle-Guinรฉe possรจde de vastes rรฉserves d’or, de cuivre, de nickel, de gaz naturel et de bois qui ont attirรฉ les investissements de nombreuses multinationales, mais elle affiche un indice de dรฉveloppement moyen.
“Nous sommes la troisiรจme nation forestiรจre du monde. Nous aspirons les polluants de ces grands pays. Et ils s’en tirent ร bon compte”, dรฉplore le ministre.
La population du pays a plus que doublรฉ depuis 1980, accentuant la pression sur les terres et les ressources tout en exacerbant les rivalitรฉs tribales.
L’incertitude demeure encore sur le nombre de dirigeants internationaux attendus ร Bakou.
La COP29, qualifiรฉe de “financiรจre”, dรฉbutera six jours aprรจs l’รฉlection prรฉsidentielle amรฉricaine. Elle aura pour principal enjeu d’obtenir des pays riches les plus responsables du rรฉchauffement l’engagement d’augmenter substantiellement l’aide aux pays pauvres pour lutter contre le changement climatique.
Une rรฉunion “prรฉ-COP” qui s’est tenue dรฉbut octobre ร Bakou a permis au pays participants de constater qu’un รฉcart important les sรฉpare encore sur la question financiรจre, selon des observateurs.
Le montant actuel de l’aide climatique fixรฉ ร 100 milliards de dollars par an, qui expire en 2025, est considรฉrรฉ comme bien infรฉrieur aux besoins. Le Climate Action Network, collectif d’ONG, a rรฉcemment estimรฉ dans une lettre envoyรฉe aux nรฉgociateurs qu’il faudrait “au moins mille milliards de dollars
Humaniterre avec AFP