Les pays se réunissent pour mettre fin aux menaces de grande ampleur qui pèsent sur les océans
Panama City – Panama
Du 1er au 03 mars 2023 , le Panama a été le premier pays d’Amérique central à accueillir la conférence «Our Ocean», c’était la 8ᵉ édition.
Les océans et les multiples menaces qui pèsent sur eux, du changement climatique à la pollution en passant par la surpêche et l’exploitation minière, ont été au centre de cette conférence mondiale.
Quelque 600 représentants de gouvernements, d’entreprises, de groupes écologistes et d’universités se sont réunis jeudi et vendredi dans ce pays d’Amérique centrale pour discuter de l’extension des zones marines protégées (ZMP), de la mise en place d’une “économie bleue” durable issue des océans et de la réduction des facteurs de stress qui pèsent sur cette ressource inestimable, mais menacée.
Il s’agissait de débattre du cadre à donner à l’« économie bleue » pour l’exploitation durable et la protection des mers et des océans.
Couvrant les trois quarts de la Terre, les océans abritent 80 % de la vie sur la planète, nourrissent plus de trois milliards de personnes et constituent une voie essentielle pour le commerce mondial.
“Nous ne pouvons pas nous engager à sauver nos écosystèmes océaniques sans limiter les activités humaines qui s’y déroulent”, peut-on lire sur le site web de la huitième édition de la conférence internationale Our Ocean.
“Ce bien vital est menacé par le réchauffement climatique, les pratiques non durables, la pêche illégale, la pollution inconsidérée et la perte d’habitats marins”, ajoute le site.
Selon Courtney Farthing, directrice politique de Global Fishing Watch, la conférence “est essentielle pour maintenir la volonté politique d’agir en faveur des océans”.
En réunissant les gouvernements, les militants et l’industrie, “nous sommes en mesure d’améliorer notre compréhension collective des problèmes auxquels notre océan est confronté et des initiatives réussies qui pourraient être adoptées à plus grande échelle”, a-t-elle déclaré à l’AFP.
Selon les observateurs, le rassemblement “Our Ocean” est important, car il s’agit de la seule conférence à aborder toutes les questions liées aux océans sous un même toit.
Elle sert également de scène publique aux gouvernements, par l’intermédiaire des ministres de haut rang présents, pour montrer leur volonté politique.
Crainte pour les fonds marins
La conférence a lieu dans un contexte d’inquiétude croissante concernant les multinationales qui lorgnent sur les minerais présents dans les fonds marins.
Il s’agit notamment des “nodules de manganèse”, déposés sur les fonds marins, qui contiennent des métaux essentiels à la production de batteries.
Les écologistes affirment que leur exploitation serait dévastatrice pour les écosystèmes des grands fonds marins.
“Il n’y a pas vraiment d’extraction importante aujourd’hui, mais il y a des progrès significatifs dans la technologie et les machines pour extraire éventuellement des minéraux, principalement des minéraux rares”, a expliqué Maximiliano Bello, de l’organisation non gouvernementale Mission Blue.
Les délégués à la conférence n’adopteront pas d’accords ni ne voteront sur des propositions, mais annonceront des “engagements” volontaires en faveur de la protection des océans.
Le Panama, pays hôte, a par exemple l’intention d’annoncer l’extension de la zone protégée du Banco Volcan qu’il a créé en 2015.
Mais les activistes, comme Juan Manuel Posada de l’ONG MarViva, souhaitent que ces projets soient étendus aux “eaux au-delà de la juridiction nationale”, étant donné qu’une grande partie de la pêche illégale a lieu en haute mer, où règne l’anarchie.
“Nous aimerions également que les pays déclarent que 30 % de leurs zones marines sont des zones protégées avant la date butoir de 2030 qui a été convenue lors de la COP15 sur la biodiversité qui s’est tenue au Canada l’année dernière.
Le bébé de John Kerry
Les conférences Our Ocean ont été lancées en 2016 à l’initiative de John Kerry, ancien secrétaire d’État américain nommé envoyé spécial de la Maison Blanche pour le climat.
“Our Ocean est le bébé de John Kerry”, a déclaré M. Bello.
M. Kerry devrait participer à la conférence avec l’océanographe américaine Sylvia Earle, qui a mené plus de 100 expéditions océaniques en près de 60 ans de carrière et qui a fondé Mission Blue.
Kerry et Earle “ont essayé de changer le concept selon lequel il y a plusieurs océans, car en réalité il n’y a qu’un seul océan qui s’étend sur toute la planète”, a déclaré M. Bello.
À l’issue de la conférence mondiale « Notre Océan », près de 20 milliards de dollars ont été promis, le vendredi 3 mars 2023.Ce total comprend un engagement de 6 milliards de dollars de la part des Etats-Unis, annoncé jeudi par l’envoyé de la Maison Blanche pour le climat, John Kerry. Les États-Unis consacreront par ailleurs 665 millions de dollars pour favoriser la pêche durable, 200 millions pour combattre la pollution, 73 millions pour des programmes d’« économie bleue » (l’équivalent marin de l’économie verte) et 11 millions à des zones maritimes protégées.
De son côté, l’Union européenne (UE) a annoncé qu’elle s’engageait cette année à hauteur de 816,5 millions d’euros (865 millions de dollars) pour des projets de protection des mers.
Sur cette enveloppe, 320 millions d’euros seront consacrés à des recherches sur la biodiversité marine et à contrer l’impact du changement climatique sur les milieux maritimes, tandis que 250 millions d’euros iront au programme de satellite Sentinel-1C de surveillance des effets du changement climatique et notamment la fonte des glaces arctiques.
Humaniterre avec Agence France-Presse
Crédits photo AFP