Véronique Tadjo raconte, dans un roman fortement autobiographique, la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui. Un livre qui est comme une lettre à cet homme disparu dont elle découvre son esprit polygame, et de nouveaux frères et soeurs, par la même occasion. Le roman est court mais brasse une variété de thèmes impressionnante : quelle est la place de la femme dans la famille africaine ? Comment vivre entre deux cultures (Véronique Tadjo, comme son héroïne, Nina, a une mère française) ? Que représentent ses racines quand on vit exilée depuis longtemps ? Des questionnements d’autant plus douloureux que la Côte d’Ivoire, après la guerre civile, est un pays exsangue, en perte de repères et d’identité. Loin de mon père n’est pourtant pas un roman larmoyant, bien au contraire, c’est une tragédie-comédie, écrite avec beaucoup de recul et dans un style délié, qui dit la confusion, aussi bien des êtres que d’un pays entier, le rapport aux traditions ancestrales, la corruption du pouvoir etc. Un livre dense et lumineux, comme un témoignage au cœur d’un continent, l’Afrique, qui essaie de se frayer un chemin, escarpé, vers un semblant d’espoir en des jours meilleurs.
Véronique Tadjo a reçu le Grand Prix littéraire d’Afrique noire 2005 pour “Reine Pokou”. “Loin de mon père” a été publié aux éditions Actes Sud en 2010. Poète, romancière, peintre et auteur de livres pour la jeunesse qu’elle illustre elle même, elle déclare dans une interview publiée dans Amina en novembre 2010 : « Je veux les [enfants africains] sensibiliser à la lecture et les humaniser par la culture. Faire lire les enfants, c’est finalement avoir l’espoir que la littérature africaine ne s’en portera que mieux, mais aussi miser sur un avenir plus serein et pacifique dans un monde souvent abandonné aux conflits armés et sanglants. »
Source : bibliosurf.com