La Wild Chimpanzee Foundation, créée en 2000 par le Prof. Christophe Boesch et Hedwige Boesch en réponse au déclin rapide des populations de chimpanzés sauvages, est une Fondation multinationale basée en Suisse avec des représentations en Allemagne, Côte d’Ivoire, France et Guinée. Sa mission est d’assurer à long-terme la protection des populations viables de chimpanzés sauvages et de leur habitat en Afrique tropicale. Elle se base sur une triple philosophie « conservation-recherche-éducation » pour mener à bien sa mission et se concentre sur l’Espace Taï-Sapo, le dernier grand bloc forestier de l’Afrique de l’Ouest. Cet Espace, classé zone prioritaire pour la conservation des chimpanzés et de la biodiversité, s’étend de Côte d’Ivoire au Liberia. Ainsi, dans l’Espace Taï-Sapo et dans plusieurs autres zones prioritaires à travers l’Afrique de l’Ouest, la WCF mène diverses activités pour assurer la protection des dernières populations de chimpanzé, notre cousin de la forêt. Voilà un aperçu de ses activités :
La WCF a depuis 2004 mis en œuvre des programmes de suivi écologique où des membres des communautés locales, ainsi que des éléments de l’OIPR (Office Ivoirien des Parcs et Réserves, avec lequel la WCF travaille en collaboration) sont formés à la collecte de données dans les aires protégées, sur tous les indices de présence de la faune ainsi que sur les activités anthropiques illégales. De cette façon, la WCF est en mesure de situer et quantifier les populations animales afin de définir les zones d’intérêt prioritaires et les menaces qui pèsent sur la biodiversité comme le braconnage. Ces résultats se sont ainsi révélés utiles pour les organismes gouvernementaux comme l’OIPR, qui peuvent alors adapter leurs stratégies de surveillance en réponse à ces données, augmentant ainsi de manière efficace la protection des aires protégées. Dans des forêts exploitées, ces résultats peuvent aussi appuyer à la mise en place d’un système de gestion durable qui prend en compte la faune. Ceci est le cas pour les Forêts Classées de Goin-Débé et de Cavally, ou la WCF travaille en collaboration depuis 2007 avec la SODEFOR, gestionnaires de ces forêts.
En collaboration avec plusieurs compagnies de théâtre professionnelles en Côte d’Ivoire, Guinée, Liberia et Sierra Leone, la WCF a créé des pièces de théâtre éducatives visant à la sensibilisation des populations riveraines des aires protégées, sur la conservation des chimpanzés et la gestion durable des zones forestières. Au cours des tournées de sensibilisation, les populations locales vivant autour des différentes forêts sont invitées à regarder la pièce, à prendre part aux discussions ouvertes et à regarder des films documentaires sur les chimpanzés. Le journal de la WCF « Paroles de Forêt », est aussi distribué gratuitement à ces occasions. A ce jour, la WCF a visité près de 400 villages avec ses campagnes, qui ont pu atteindre un public estimé à plus de 200.000 personnes. Avec le succès de ces tournées, des troupes amateurs ont aussi été formées pour mener leurs propres tournées. Les activités d’éducation incluent aussi les leçons d’éducation environnementale du Club PAN (Personnes, Animaux, Nature), qui prend place dans 12 écoles primaires de Côte d’Ivoire, en tant qu’activité extra-scolaire. Au Parc National du Banco, au cœur d’Abidjan, la WCF a mis en place un éco-musée, pour l’éducation sur l’environnement pour tous écoliers, les Abidjanais et touristes internationales.
Pour encourager les populations locales à éviter la viande de brousse comme source de protéine, la WCF a mis en place divers microprojets dans les villages riverains du Parc National de Taï. Ces projets ont inclus principalement des fermes de piscicultures dans 10 villages pour lesquelles les communautés sont chargées de les maintenir et de les développer durablement. De plus, récemment la WCF a aussi initié un projet d’écotourisme communautaire au Parc National de Taï qui a pour but de valoriser les ressources culturelles et naturelles de la région en y attirant des visiteurs étrangers.
Pour finir, citons l’impact social des actions de cette Fondation, qui a depuis sa création a conduit à l’embauche de centaines de personnes, parfois sur des courtes missions, comme sur le long-terme. Un partenariat avec l’Institut Max Planck sur l’Anthropologie Evolutive en Allemagne a aussi permis à plusieurs étudiants Ivoiriens de bénéficier d’une supervision de pointe pour leurs études. De nombreuses formations ont lieu sur le terrain, que ce soit pour des écogardes, des agents de biomonitoring ou des enseignants.