Les menaces sur notre environnement et surtout la dégradation constante de la diversité biologique avec leur cortège de conséquences problématiques telles que le réchauffement climatique et les crises alimentaires mondiales, confortent aussi bien les politiques que les experts de tous bords, notamment les écologues, à renforcer les initiatives visant à promouvoir la gestion durable, la préservation et le développement des forêts sur le plan mondial.
Cette initiative intègre l’Agroforesterie, terme qui a été créé en 1971 par Joe Hulse, du Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI), dont les recherches portaient essentiellement sur la foresterie sociale en Afrique.
Une approche qui associe harmonieusement la préservation de la forêt et la satisfaction des besoins des populations en matière d’agriculture, d’élevage et d’exploitation des ressources forestières sur le même espace ; sans dommages pour la survie de la forêt.
Bien qu’elle soit présentée comme le compromis parfait ou l’arrangement idéal entre la préservation de la forêt et l’agriculture, l’agroforesterie rencontre certaines difficultés dans sa mise en œuvre ; notamment dans les pays sous-développés d’Afrique, de l’Amérique latine et de certains pays d’Asie.
Agroforesterie
La définition la plus couramment utilisée est celle qui a été proposée par Lundgren et Raintree en 1982 et officiellement adoptée par l’ICRAF (International Council for Research in Agroforestry, aujourd’hui connu sous le nom de World Agroforestry Center) :
Selon cette approche, “L’agroforesterie désigne l’ensemble des systèmes et des techniques d’utilisation des terres où des plantes ligneuses vivaces sont délibérément associées aux cultures ou à la production animale sous forme d’un arrangement spatial ou d’une séquence temporelle prenant place sur une même unité de gestion de la terre. Les systèmes agro forestiers sont caractérisés par des interactions écologiques et économiques entre leurs diverses composantes”.
Les freins à la mise en œuvre de l’agroforesterie sont nombreux mais nous retiendrons pour les besoins de notre article, trois causes essentielles : la création de plantations industrielles très gourmandes en destruction de forêt, la culture extensive et ; la non maîtrise des techniques de l’Agroforesterie par les paysans.
La satisfaction de la demande alimentaire mondiale a explosé avec l’accroissement de la population de la planète (7 milliards d’habitants) en même temps que les besoins en matières premières; notamment le bois, le caoutchouc naturel, pour ne citer que ceux-là.
Cette situation a conduit les grands groupes agro-industriels à réquisitionner de plus en plus de terres pour la création de plantations industrielles de palmier à huile, d’hévéa, de blé, de pomme de terre, de cacao et de café.
À cela, il faut ajouter l’exploitation des essences naturelles et des carrières minières qui dégradent fortement la forêt. L’ensemble de ces activités, bien que rentables, a quasiment détruit tout le couvert forestier. L’exemple de la Côte d’Ivoire est très éloquent : Près de 80 % de la couverture forestière de la Côte d’Ivoire a disparu entre 1960 et 1990. En effet, de 14 millions d’hectares au début des années 60, la superficie de la forêt dense ivoirienne n’est plus que d’environ 2 500 000 ha aujourd’hui. L’expansion agricole et l’exploitation anarchique des ressources forestières sont à l’origine de cette déforestation. Les conséquences de cette situation sont, entre autres, la baisse drastique de la production de bois d’œuvre, les difficultés d’approvisionnement des industries du bois, la perte de la biodiversité de la flore et de la faune, …etc.
Outre le bois d’œuvre, les arbres peuvent fournir plusieurs autres produits comme du papier, du bois de feu et autres combustibles, des produits alimentaires (fruits, graines, feuilles, racines, fleurs, sève), des fourrages, des produits médicinaux, des huiles, du caoutchouc, des gommes, des résines, des fibres, du liège ou des produits cosmétiques.
En plus de la production de biens, les arbres rendent de nombreux services grâce à leur influence positive sur les propriétés de l’écosystème : lutte contre l’érosion, ombrage, fixation de l’azote, régulation du régime des eaux, qualité des eaux par épuration des fertilisants ( effet mécanique induit par l’utilisation-absorption d’une partie de l’engrais par les arbres qui sont dans la plantation.), biodiversité, réduction de l’effet de serre par séquestration de carbone, réhabilitation des sites pollués, surexploités ou abandonnés par phytoremédiation ou phytoréhabilitation qui est la capacité des plantes à concentrer (bioconcentration) et traiter ou exporter des éléments indésirables (métaux lourds ou HAP le plus souvent ) contenus dans le sol . Les plantes les plus utilisées sont dites hyperaccumulatrices.
Les systèmes agroforestiers ont aussi une fonction esthétique, récréative et cynégétique, car ils peuvent créer et maintenir un paysage ouvert, accessible au public, ce que ne permettent pas d’autres usages agricoles des terres.
Une Sélection actualisée de : EDOUKOU Adou
Source : – Univeristé Laval Québec Canada, par Vincent Chifflot