Jeudi 30 mai 2024

𝐏𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞 𝟏/𝟐

Bientôt centenaire, le parc National des Virunga est confronté depuis des décennies à plusieurs défis auxquels il réussit à survivre pour le moment. Plusieurs espèces de la faune et de la flore y sont toujours conservées.  Créé le 21 avril 1925, ce parc que se partagent la RDC, le Rwanda et l’Ouganda est le plus vieux d’Afrique. Etabli d’abord pour protéger les gorilles de montagnes, il est devenu un sanctuaire de conservation d’espèces menacées, de celles en voie de disparition et de toute la biodiversité locale.

Depuis des années, la guerre qui sévit autour de ce parc d’une superficie de 7 800 kilomètres carrés y ont secoué la vie de la faune et de la flore. L’utilisation des armes non conventionnelles par certains belligérants détruit au pire des cas, mais aussi bouleverse la vie dans cette réserve naturelle. Le braconnage, le vol de certaines espèces, généralement à des fins économiques ou par des populations riveraines au parc pour se nourrir, menacent également la vie des animaux en particulier.

En dépit de cette forte pression et de ces menaces récurrentes, « aucune espèce de ce parc n’a disparu », selon l’Institut National pour la Conservation de la Nature (ICCN). C’est aussi l’assurance donné par Bienvenue BWENDE, chargé de communication du parc National des Virunga.

À en croire aussi le bureau du tourisme de l’ICCN, grâce au système de contrôle à distance par des pièges photographiques, les équipes de surveillance peuvent faire l’inventaire des différentes espèces. Ces caméras aident à identifier et à surveiller la présence des animaux, des oiseaux et bien d’autres espèces de la faune sauvage, de même que des intrusions humaines dans le parc…. Pour des espèces rares comme les gorilles, chaque matin et soir les gardes du parc surveillent de près leurs déplacements et leur état de santé. Lorsqu’un gorille traverse la frontière, les éco-gardes du pays voisin continuent la surveillance, ceci grâce au Programme Internationale du Grand Virunga (PIGC), un programme de surveillance des gorilles de montagnes qui concerne les 3 pays que sont la RDC, le Rwanda et l’Ouganda selon Vianney HARAKANDI du bureau de tourisme de l’ICCN.

« Ce n’est pas parce qu’on ne les voit pas souvent qu’on peut dire que ces éspèces  ont disparu. C’est comme l’oryctérope, en 34 ans, il n’est apparu qu’une seule fois. Mais grâce aux patrouilles de écogardes, on peut voir ses signes et là on sait qu’il est toujours présent dans le parc. Même chose avec les Okapis ; il y a des personnes qui nient leur présence. Mais grâce aux caméras traps, l’Okapi a été pris en image dans le parc des Virungas … Pour le nombre de gorilles de montagne vous savez qu’il n’est pas facile de pouvoir tous les compter, surtout s’ils vivent dans des zones contrôlées par les rebelles» a-t-il indiqué.

Menacer pour survivre

La guerre qui a occasionné des déplacements massifs des populations fuyant les affrontements dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo en province du Nord-Kivu, a entraîné la création de camps de déplacés autour de la ville de Goma (capitale provinciale). C’est donc tout naturellement que pour survivre, ces populations ne trouvant pas de bois près de leurs camps, vont parfois pénétrer dans le parc pour couper du bois de chauffe, pour cueillir des fruits afin de se nourrir.

Une situation extrêmement difficile pour tous quand on sait que la population des camps ne cesse d’augmenter à cause de la crise qui s’est aggravée ces derniers temps, provoquant des milliers de déplacées qui n’hésitent pas à se servir dans les forêts à proximité pour assurer leur survie. Les familles déplacées n’ayant pas toujours les moyens de se procurer des foyers améliorés pour la cuisine.

« Ce qui amène les déplacés dans le parc, c’est la recherche du bois et des légumes. Vous savez la situation n’est pas très bonne dans leurs camps. Ils vont vers le parc parce qu’une grande partie des espaces cultivables a été ravagée par le volcan en 2021. Toutefois, ils font face au danger en allant loin dans la forêt, des jeunes filles surtout ; on dénombre plusieurs cas de viols. De notre côté nous leur montrons les conséquences de cette déforestation sur l’environnement avec actuellement le problème du réchauffement climatique » a précisé Bosenibamwe MUZUNGU, défenseur de droits humains dans le territoire de Nyiragongo.

Le fait que les femmes et les jeunes filles subissent souvent des attaques violentes, des agressions sexuelles et des viols lorsqu’elles vont chercher du bois dans le parc, n’a pas mis un frein à ces incursions parce qu’il y va de leur survie au quotidien.

Une enquête de Meschac Tsongo pour humaniterre.net

Crédit photo  : VIRUNGA ALLIANCE