Zanzibar, Tanzanie
Mardi 19 novembre 2025
Par Mary KULUNDU
La hausse des tempรฉratures ocรฉaniques, la surpรชche et la pollution ont progressivement dรฉgradรฉ les รฉcosystรจmes marins, affectant notamment la culture d’algues, une activitรฉ qui รฉtait essentielle pour les habitantes du village de Jambiani, situรฉ dans l’archipel tanzanien.
Dรฉsormais, celles-ci misent sur l’รฉlevage d’รฉponges de mer, dans le cadre d’un projet mis en place par l’ONG suisse Marine Cultures.
“Les tempรฉratures รฉlevรฉes ont dรฉcimรฉ les algues et la diminution des stocks de poissons a poussรฉ de nombreux pรชcheurs ร abandonner leur mรฉtier”, explique Ali Mahmudi, chef de projet.
Les รฉponges, qui offrent abri et nourriture aux crรฉatures marines, prospรจrent gรฉnรฉralement dans les eaux plus chaudes.





Elles sont รฉgalement lucratives en tant que produit de soin biologique, utilisรฉ pour l’exfoliation de la peau.
Depuis le rivage, on aperรงoit des bรขtons noirs qui รฉmergent de l’eau, auxquels sont accrochรฉes des rangรฉes d’รฉponges.
“J’ai รฉtรฉ stupรฉfaite d’apprendre que des รฉponges existent dans l’ocรฉan”, confie Nasiri Hassan Haji, 53 ans, qui a dรฉcouvert cette pratique il y a plus de 10 ans.
Cette mรจre de quatre enfants cultivait autrefois des algues, un travail qu’elle dรฉcrit comme pรฉnible et peu rรฉmunรฉrateur.
En 2009, l’association Marine Cultures a lancรฉ une ferme pilote avec des veuves ร Jambiani afin d’รฉvaluer le potentiel de cette activitรฉ dans l’archipel, oรน plus d’un quart du 1,9 million d’habitants vit sous le seuil de pauvretรฉ.
Face ร la demande croissante de produits รฉcologiques, le marchรฉ des รฉponges naturelles a connu une croissance constante et l’entreprise s’est avรฉrรฉe lucrative.
L’Agence amรฉricaine d’observation ocรฉanique et atmosphรฉrique (NOAA) estimait sa valeur ร 20 millions de dollars en 2020.
– Restauration des rรฉcifs coralliens –
Selon leur taille, les รฉponges peuvent se vendre jusqu’ร 30 dollars piรจce et une seule ferme peut en compter jusqu’ร 1.500.
“Cela a changรฉ ma vie. J’ai pu construire ma propre maison”, s’enthousiasme Shemsa Abbasi Suleiman, 53 ans, le sourire aux lรจvres.
De nombreuses autres femmes ont rejoint une coopรฉrative pour dรฉvelopper le projet, mais cela n’a pas รฉtรฉ un long fleuve tranquille.
“Au dรฉbut, j’avais peur de me lancer car je ne savais pas nager. Beaucoup me dรฉcourageaient, disant que (…) j’allais me noyer”, raconte Mme Haji.
Grรขce ร un programme d’une ONG, elle a appris ร nager ร l’รขge de 39 ans.
Outre le fait qu’elles gรฉnรจrent des revenus pour les populations locales, les รฉponges sont bรฉnรฉfiques pour le milieu marin.
Des รฉtudes montrent que leur structure squelettique favorise la capture du carbone au sein des รฉcosystรจmes coralliens, tandis que leur corps poreux filtre et purifie naturellement l’eau de mer.
Selon les Nations unies, “lโocรฉan est en crise profonde”, avec environ 60% des รฉcosystรจmes marins mondiaux dรฉgradรฉs ou exploitรฉs de maniรจre non durable.
Les รฉponges contribuent รฉgalement ร la restauration des rรฉcifs coralliens, qui abritent 25% de la vie marine et sont actuellement menacรฉs.
“Ce qui m’a sรฉduit, c’est que nous ne dรฉtruisons pas l’environnement”, ajoute Mme Haji.
Zanzibar fait partie de la Tanzanie. Comme ailleurs dans le pays, le parti au pouvoir CCM y a รฉtรฉ dรฉclarรฉ vainqueur des รฉlections lรฉgislatives et prรฉsidentielle de la fin du mois dernier.
Le scrutin a รฉtรฉ รฉmaillรฉ de violences en Tanzanie continentale avec des centaines, voire des milliers de personnes tuรฉes lors de la rรฉpression sรฉvรจre de manifestations anti-pouvoir, selon l’opposition et des dรฉfenseurs des droits humains. ย L’ONU a appelรฉ ร une enquรชte.
Humaniterre avec AFP
SOUTENEZ NOTRE MEDIA :ย





