Samedi 09 mars 2024
Kano, Nigeria
Plus de 280 élèves et enseignants de la Government Secondary School et de l’école primaire LEA de Kuriga, dans l’État de Kaduna, ont été enlevés par des bandits jeudi, ce qui a suscité l’indignation nationale.
Ce qui semblait être une aberration en 2014, lorsque des militants ont enlevé 276 écolières dans la communauté de Chibok, au Nigeria, est devenu une horreur récurrente dans le pays. En effet, voici près de dix ans, des jihadistes de Boko Haram avaient kidnappé plus de 250 écolières de Chibok, dans le nord-est du Nigeria, suscitant un tollé international. Certaines d’entre elles sont toujours portées disparues.
Ce dernier enlèvement de masse du jeudi 07 mars 2024 dans l’Etat de Kaduna est le deuxième en une semaine dans le pays le plus peuplé d’Afrique, où des bandes criminelles lourdement armées ciblent régulièrement des victimes dans des villages, écoles, églises, etc.
Un enseignant et plusieurs habitants ont dit qu’au moins 250 élèves, voire 280, avaient été enlevés. Au moins une personne a été tuée lors de l’attaque, ont dit des habitants. Le directeur de l’école ainsi que d’autres membres du personnel figuraient parmi les personnes enlevées par les voyous.
L’incident s’était produit vers 8 heures du matin, peu après l’assemblée du matin.
“Peu après l’assemblée, des centaines d’élèves sont sortis en courant de leurs classes après avoir aperçu les voyous en grand nombre dans l’enceinte de l’école. Ils ont couru dans différentes directions”, a déclaré un habitant, Adamu Shehu, à l’un de nos correspondants au téléphone.
Un autre habitant, sous couvert d’anonymat, a expliqué que les bandits, qui brandissaient des armes dangereuses, ont emmené leurs victimes dans la forêt.
Un élève simplement identifié comme Ahmed, blessé par balle et transporté d’urgence à l’hôpital général de Birnin-Gwari, a été déclaré mort. Il serait décédé alors qu’il était soigné à l’hôpital.
Selon Sani Abdullahi, l’un des enseignants de l’école GSS Kuriga, dans le district de Chikun, certains ont réussi à s’échapper avec de nombreux élèves alors que les hommes armés tiraient en l’air.
“À l’école secondaire de Kuriga, 187 enfants sont portés disparus, tandis qu’à l’école primaire, 125 enfants étaient portés disparus, mais 25 sont revenus”, a-t-il détaillé.
“Nous implorons le gouvernement (…), qu’ils nous aident sur la sécurité”, a ajouté un habitant.
Cet enlèvement survient quelques jours après un précédent kidnapping de plus de 100 femmes et enfants la semaine dernière dans un camp de déplacés dans l’Etat du Borno (nord-ouest) par de présumés jihadistes. Les femmes ont été enlevées à Ngala, le siège de Gambarou Ngala dans l’État de Borno, alors qu’elles allaient chercher du bois dans la brousse.
Ces faits illustrent l’immense défi sécuritaire auquel est confronté le nouveau gouvernement au pouvoir depuis l’an dernier.
L’association de défense des droits Amnesty International et l’Unicef ont condamné les enlèvements à Kaduna en appelant les autorités nigérianes à mieux protéger les écoles.
“Les écoles devraient être des lieux de sécurité, et aucun enfant ne devrait avoir à choisir entre son éducation et sa vie”, a notamment déclaré Amnesty International.
“Amnesty International condamne l’enlèvement effroyable de 200 élèves du primaire et du secondaire et de leurs enseignants dans l’État de Kuriga Kaduna. Nous demandons aux autorités nigérianes de sauver les élèves en toute sécurité et d’arrêter les auteurs présumés de cet acte.
Le secrétaire général du syndicat des enseignants du Nigeria, le Dr Mike Ike-Ene, a lui aussi qualifié l’incident de terrible : “C’est terrible. Comment les voyous ont-ils pu kidnapper 200 enfants ? C’est énorme. Je compatis avec les parents et les tuteurs parce qu’une telle chose peut provoquer des crises cardiaques, de l’hypertension, etc.
“Nous avons souvent demandé au gouvernement de déclarer l’état d’urgence dans nos écoles en ce qui concerne la sécurité. Je conseille d’investir dans la police de proximité, comme c’est le cas dans les pays développés.
En février 2021, des hommes armés avaient attaqué une école pour filles dans la localité de Jangebe, dans l’Etat de Zamfara (nord), enlevant plus de 300 personnes.
Entre juillet 2022 et juin 2023, 3.620 personnes ont été kidnappées lors de 582 attaques dans le pays, selon la société nigériane de conseil en gestion des risques, SBM Intelligence.
En attendant, la liste des familles en détresse et mortes d’inquiétude face à l’enlèvement de leurs enfants ne fait que s’allonger.
Humaniterre
Sources: PUNCH, BBC, AFP
Credit photo: AFP