C’est à son cabinet, le mercredi 2 juin 2010, que le ministre de l’Environnement, des Eaux et Forêts M. Karim Fadika a annoncé aux opérateurs économiques du secteur de l’industrie plastique, l’adoption très prochaine d’une loi interdisant la fabrication et la commercialisation des sachets en plastique non-biodégradables en Côte d’Ivoire. C’est une initiative qui est tout à l’honneur de notre ministre et qui mérite le soutien de tous, ce que n’a pas manqué de souligner M. André Carvalho, Directeur du PNUD. Cette mesure sera accompagnée d’une vaste campagne de communication dont l’axe est : “un environnement sans sachet plastique”. Cette loi contribuera à résoudre en partie la problématique de la gestion des déchets dans notre pays, à préserver l’environnement et va de transformer irrémédiablement le visage de notre pays.
Les sacs non biodégradables sont une source de pollution considérable, durant tout leur cycle de vie. Leur production consomme des produits pétroliers, de l’eau et de l’énergie. Nous utilisons 500 à 1000 milliards de sacs en plastique par an dans le monde. Si un sachet met plusieurs siècles (entre 100 et 400ans) à se dégrader, il est en revanche de moins en moins solide (pour garantir davantage de vente et donc plus de profit ?)( ?), il en résulte que la durée d’utilisation moyenne d’un sachet en Afrique est de moins de 48h.
On les retrouve partout en ville, dans les milieux naturels : champs, rivières, montagne et plages, où il contribue à la dégradation des paysages. Dans les décharges à ciel ouvert, ces sacs s’envolent et se retrouvent là où le vent les mènent, quelques fois sur votre pare-brise lorsque vous êtes en pleine circulation !
Ils est difficile de se déplacer ne serait-ce qu’une heure à Abidjan que ce soit à pieds, à vélo ou en voiture sans voir des amoncellements de sachets en bordures des voies ou dans les caniveaux, nos sachets plastiques noirs, blancs, bleus où à rayures que nous utilisons, et jetons nonchalamment là où nous voulons et qui en des volutes poétiques finissent par atterrir dans les canalisations…
L’usage mais surtout la manière dont nous nous débarrassons de ces sachets cause des dommages importants sur les systèmes d’évacuation des eaux et d’assainissement. Ils aggravent les problèmes d’insalubrité, en bouchant les canalisations, ils accentuent les inondations en saisons des pluies. Des inondations qui engendrent de nombreux dégâts matériels et surtout des pertes en vies humaines !
Fléau pour la Biodiversité/ fléau pour la faune et la flore
Ils sont responsables de la destruction de la biodiversité lorsqu’ils échouent dans la nature. Chaque année, ils causent non seulement la mort de dizaine de milliers d’animaux marins qui les confondent avec des proies comme les tortues, les dauphins, les thons mais aussi des animaux domestiques et les animaux d’élevage.
Fléau recyclable ?
La fin de vie des sacs plastiques est particulièrement nocive pour l’environnement et pour la santé humaine : l’incinération étant la seule « méthode » efficace que nous ayons pour nous de nous en débarrasser. Lorsqu’ils partent en fumée, ils engendrent des rejets de dioxines cancérigènes et susceptibles de causer ou d’aggraver des maladies respiratoires chez l’homme, particulièrement chez les enfants.
Bien que les sachets plastiques représentent une nuisance, il n’en demeure pas moins que cette industrie procure en amont des milliers d’emplois aux ivoiriens. Sans compter les sommes colossales qui ont été investies souvent par des privés pour la construction et l’équipement des usines de production. Cette problématique socio économique a dû faire reculer plus d’un ministre de l’Environnement ! C’est pour cela, qu’il est primordial pour le gouvernement de mettre en place des mesures d’accompagnement afin que la phase de reconversion soit la moins douloureuse possible pour les concernés.
Sachets biodégradables, la panacée ?
Fabriqués en amidon de maïs ou en polymère biodégradable, les sacs biodégradables constituent effectivement une amélioration notable vis-à-vis de l’environnement, cependant, il faut préciser que le recours aux sachets biodégradables n’est pas synonyme d’absence totale d’impact sur l’environnement.
En effet, un sac biodégradable abandonné mettra plusieurs mois à disparaître voire même des années (entre 2 et 3 ans), selon le milieu où ils se trouvent. Ils sont en cela bien moins coriaces que nos sachets « centenaires » actuelles. Cependant, ces sachets biodégradables, abandonnés dans la nature sont tout aussi capables de s’envoler au premier coup de vent et de se retrouver coincés dans les branches d’un arbre… Le risque de pollution visuelle existe donc toujours surtout si les comportements humains demeurent les mêmes… Il est donc indispensable d’accompagner le développement de l’utilisation de sacs biodégradables par la mise en place d’un système de collecte ou de tri des emballages usagés mais aussi et surtout par une communication grand public sur la nécessité de ne pas jeter ses sachets dans la nature. A cet égard, l’opération “un environnement sans sachet plastique” initiée par le ministère de l’Environnement ne sera pas de trop, parce que le vrai problème, une fois de plus, ce sont nos comportements inconséquents par rapport à notre cadre de vie. Il convient donc d’éduquer, d’informer et même de punir si nécessaire car la gestion des déchets n’est pas à prendre à la légère.
OPTION : Le sac cabas, le panier en osier réutilisable est d’un strict point de vue environnement et économique préférable au sac jetable (biodégradable ou non) d’un strict point de vue environnemental.
Encadré Quelques pays où le sachet plastique non biodégradable est indésirable
MONDE :
Taiwan,
Australie
Bangladesh
France
AFRIQUE :
Afrique du Sud :
Rwanda
Kenya
Erythrée
Gabon
Bientôt la Côte d’Ivoire et le Togo …