19 mars 2024
Banjul, Gambie
Les députés gambiens ont progressé lundi 18 mars dans l’examen d’un texte controversé visant à lever l’interdiction des mutilations génitales féminines (MGF), en vigueur depuis 2015, en le soumettant à une commission parlementaire.
Cette question divise ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, à majorité musulmane, depuis des mois. Des centaines de personnes pour ou contre le projet se sont rassemblées pour protester devant le parlement selon l’AFP.
Les militants pro-MGF étaient plus nombreux que les partisans du statu quo.
“Le projet de loi vise à préserver les principes religieux et à sauvegarder les normes et les valeurs culturelles”, a déclaré le député Almameh Gibba, qui a présenté le texte devant ses collègues.
“L’interdiction de l’excision est une violation directe du droit des citoyens à pratiquer leur culture et leur religion”, a-t-il ajouté.
Les militants et les ONG de défense des droits de l’homme affirment que la législation annule des années de progrès et risque de nuire au bilan du pays en matière de droits de l’homme.
“Il y a un risque inhérent que ce ne soit que la première étape et que cela conduise au recul d’autres droits tels que la loi sur le mariage des enfants… et pas seulement en Gambie mais dans l’ensemble de la région” ouest-africaine, a déclaré Divya Srinivasan, de l’ONG de défense des droits de la femme Equality Now.
Les députés ont renvoyé lundi le texte à une commission parlementaire qui va l’examiner pour au moins trois mois avant d’être à nouveau débattu. Quarante-deux ont voté pour et quatre contre.
Soixante-seize pour cent des Gambiennes âgées de 15 à 49 ans ont subi des MGF, selon un rapport publié en 2021 par l’Unicef.
L’Unicef caractérise cette pratique d’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre lésion des organes génitaux féminins pour des raisons non médicales. Elle peut entraîner de graves problèmes de santé, notamment des infections, des hémorragies, la stérilité et des complications lors de l’accouchement.
“Le corps des filles leur appartient. Les mutilations génitales féminines les privent de l’autonomie de leur corps et leur causent des dommages irréversibles”, a indiqué le bureau de l’ONU en Gambie sur X avant le débat.
Le bureau des droits de l’homme de l’ONU a demandé le retrait du projet de loi, tandis qu’Amnesty International a déclaré qu’il créerait un “dangereux précédent” pour les droits des femmes.
L’ancien président gambien Yahya Jammeh a interdit les MGF en 2015, estimant qu’elles étaient dépassées et ne constituaient pas une exigence de l’islam.
Le Parlement a ensuite adopté la première loi interdisant spécifiquement cette pratique, qui est désormais passible d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement.
Humaniterre avec AFP