27 février 1932 à Londres- 23 mars 2011 à Los Angeles
Notre pays traversait des moments tragiques, le 23 mars 2011, cependant, il ne nous était pas possible de faire l’impasse sur la disparition d’une femme qui par la fougue d’un engagement sans faille, a réussi à braquer les projecteurs du monde entier sur une épidémie qui fait encore tant de ravages chez nous. Requiem pour la plus grande activiste de la lutte contre le SIDA.
La voix de celle qui déclara lors d’une soirée à Cannes : «Je viens devant vous, non comme une actrice mais comme le porte-parole de ceux qui vivent le sida. Je suis l’avocat de l’enfant qui meurt dans un pays pauvre, la voix du toxicomane d’un quartier défavorisé au cœur de la ville, le témoin de la prostituée abandonnée sur un trottoir.» s’est éteinte à jamais à l’âge de 79 ans. Cette soirée marquera le début d’une tradition cannoise, le célèbre gala de l’Amfar dont Sharon Stone a repris aujourd’hui le flambeau.
En 70 ans de carrière et près de 50 films, Elizabeth Taylor était le dernier Géant de l’âge d’or hollywoodien. Symbole du glamour et de la sensualité au cinéma, celle qui prêta sa beauté et ses yeux violets à Cléopâtre, s’engagea dès les années 80 dans la lutte contre le Sida. Anoblie par la reine d’Angleterre en mai 2000, Dame Elizabeth Taylor aura inlassablement utilisé son charisme, son énergie et sa notoriété au service de ce qu’elle appelait son «engagement pour la vie ». Son legs le plus durable sera sans doute sa lutte sans relâche contre le sida, tant elle contribua ainsi à améliorer la vie de millions de personnes dans le monde et surtout à les sortir de l’ombre et de la honte. Liz Taylor aura été la première artiste à s’engager publiquement pour réveiller les consciences et organiser la lutte contre le sida. Elle ouvrit ainsi la marche, suivie ensuite par d’autres célébrités comme la princesse Diana, le chanteur Bono et d’autres. . (Exergue)
En 1985, c’est la mort de son ami et partenaire au cinéma Rock Hudson, emporté par cette maladie, qui lui fait l’effet d’un électrochoc. «Je regardais toutes les actualités sur cette nouvelle maladie et je me demandais pourquoi personne ne faisait rien, déclare-t-elle à l’époque. Ensuite, je me suis rendu compte que j’étais comme eux. Je ne faisais rien pour aider… » . Elizabeth Taylor sait que la cause sera difficile à défendre ni la lenteur des pouvoirs publics à réagir, la panique qui s’installe dans les esprits ni les attitudes de rejets sur les victimes ne la décourage. Elle a l’idée géniale de mobiliser les artistes. Malgré la peur d’être associé à une maladie aussi terrifiante à l’époque, elle finit par gagner Hollywood à sa cause. Fin 1985, elle fonde avec Kevin Frost l’American Foundation for AIDS Research : Amfar. Elle entraîne dans sa lutte l’adhésion du public et des médias, apparaît dans des spots Tv pour sensibiliser le plus grand nombre. Dès le début de l’épidémie, la ligne de front était constituée “de chercheurs, de militants et d’Elizabeth Taylor”, souligne Kate Krauss, directrice de programme de lutte contre le sida. Elizabeth Taylor, qui a longtemps soutenu que le sida n’était pas incurable, était très engagée dans la recherche de remèdes contre le Sida. Elle a tout fait pour convaincre les législateurs de financer les soins pour les malades et n’a pas hésité à critiquer George Bush père, pour son peu d’efforts dans ce domaine. “Votre politique est mauvaise, terriblement mauvaise, et vous le savez !” À Vancouver, à propos des trithérapies qui commencent à prendre leur essor, elle s’en prend au gouvernement canadien qui refuse de les mettre à disposition: «Franchement, j’attendais vraiment mieux d’un pays riche et développé !» En 1989, elle se rendit en Thaïlande, où le sida se propageait rapidement, pour visiter un hôpital. Une photo la montrant serrant la main d’un malade fit le tour du monde.”Le fait de ne pas traiter les malades ou les séropositifs comme des parias, de les toucher, de les embrasser, de se faire photographier avec eux, eut un impact phénoménal“, souligne M. Krauss.
Tout est bon pour récolter de l’argent. En 1991, elle vend les photos de son huitième mariage pour un million de dollars, intégralement reversé à l’Amfar. La même année, elle crée sa propre organisation, The Elisabeth Taylor Aids Foundation, afin d’élargir son action. Très vite, non contente de soutenir ces collectes effectuées par ses associations, elle profite du rayonnement international du Festival de Cannes pour animer galas et soirées privées. En 1993, elle organise une projection spéciale du film avec Sylvester Stallone, Cliffhanger, au Palais des festivals (300 francs le ticket), puis un dîner de gala au Moulin de Mougins (13.000 francs le couvert) auquel se précipite le gotha du cinéma. En 1995, elle met aux enchères la robe qu’elle portait pour présenter l’oscar du meilleur film en 1969, adjugée 167.000 dollars. Somme immédiatement remise à l’Amfar. Celle dont la passion pour les bijoux de haute lignée était de notoriété publique, alla jusqu’à vendre certaines pièces de sa fabuleuse collection comme le Krupp Diamond de 33,19 carats (6,64 grammes), ou encore le Taylor-Burton Diamond de 69,42 carats en forme de poire qui lui a été offert par son mari Richard Burton. Il est vendu aux enchères en 1978 pour la somme de 5 000 000 dollars US, qui sont utilisés pour construire un hôpital au Botswana. On estime à 50 millions de dollars (35 millions d’euros) la somme qu’elle aurait permis de récolter pour nourrir les fonds de recherche contre le Sida. Après avoir contribué à la création de l’AmFar , elle crée aussi The Elizabeth Taylor Aids Foundation, incitant les riches et les moins riches à faire des dons. Liz Taylor lèvera pas moins de 270 millions de dollars pour la recherche contre la maladie ! Quelques jours après sa mort, il a été annoncé que sa collection de bijoux (estimée en 2002 à environ 109,5 millions d’euros, soit 150 millions de dollars) sera vendue aux enchères aux profits de la Elizabeth Taylor AIDS Foundation et de l’AmfAR, c’étaient ses dernières volontés ! Par delà la mort, elle continue ainsi de lutter contre cette maladie, on vous l’avait dit…INFATIGABLE !
Cassandre Konan (AKA)