Selon les statistiques et les prévisions, d’ici l’an 2025, 61% des habitants de la planète habiteront en ville ; notamment dans les grandes agglomérations urbaines (étude des Système d’Approvisionnement et de Distribution Alimentaire des villes dans les pays en développement : Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO).
Cette situation relance les inquiétudes sur la sécurité alimentaire durable de ces villes et surtout des populations les plus démunies dans la mesure où 90% de cette croissance explosive des villes se produit dans les pays pauvres ; notamment en Asie, en Amérique latine et surtout en Afrique.
Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire, à l’instar des villes telles que Douala, Monrovia, Lagos, Kinshasa, Addis Abeba, Nairobi, Mapouto, Accra, Le Caire, Tunis, et autres, n’échappent pas à cette réalité.
Ces villes africaines ont pratiquement toutes été le théâtre des émeutes de la faim suite à la flambée des cours mondiaux de denrées alimentaires consécutives à la crise alimentaire de 2008 ; mais plus particulièrement dans les grandes agglomérations urbaines dont les populations ont le plus subi les répercussions. Cette situation commune aux pays africains a créé le déclic et a fait prendre conscience aux dirigeants africains qu’il était temps de rechercher et mettre en œuvre une politique viable de sécurité alimentaire durable qui, jusque là n’était que précaire.
Abidjan, cette grande métropole ouest africaine qui concentre à elle seule 20,3% de la population nationale et 44% de la population urbaine nationale est passée de 3 000 000 d’habitants en 2002 à environ 6 000 000 d’habitants aujourd’hui selon le Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP 2009).
Cette pression démographique a indéniablement augmenté la demande alimentaire qui n’a pas été suivi par une offre conséquente pour garantir une sécurité alimentaire.
Il convient dès lors de se la poser la question suivante : Qu’est ce que la sécurité alimentaire ?
Au Sommet mondial de l’alimentation tenu à Rome en 1996), la FAO a déclaré que ‘’ la sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. ‘’
Selon cette définition, la sécurité alimentaire est la réunion de quatre éléments indissociables que sont: la disponibilité alimentaire, la stabilité des approvisionnements dans l’espace, l’accessibilité et l’utilisation biologique optimale.
Au regard de ces caractéristiques, peut- on parler de sécurité alimentaire à Abidjan ?
Selon le rapport du ministère de l’Agriculture ivoirienne, en partenariat avec la FAO, le bilan alimentaire de la Côte d’Ivoire sur la période 2001-2007 est acceptable.C’est-à-dire que les disponibilités en aliments sont largement au dessus des besoins de consommation des populations sauf pour le riz dont la production nationale est de 600 000 tonnes pour un besoin national de consommation estimé à 1,4 million de tonnes par an ; soit un déficit de 800 000 tonnes comblé par des importations massives, devenues extrêmement coûteuses. En effet environ 150 milliards de francs cfa selon le DRSP 2009 sortent annuellement de caisses nationales pour satisfaire ce seul poste alimentaire. Par ailleurs, la Côte d’Ivoire importe 70% de sa protéine animale. Malgré ces efforts, les besoins alimentaires minima de 20 à 40% de la population ne sont pas satisfaits.
La situation alimentaire à Abidjan est quelque peu précaire, du moins pour la population économiquement faible qui représente 21,02% des habitants (DSRP 2009).Les populations les plus démunies ne mangent pas à leur faim à cause de la cherté des denrées sur les marchés. Même celles qui sont produites en Côte d’Ivoire ne sont toujours pas à la portée des économiquement faibles. Et ce, du fait du la répercussion sur le prix au consommateur final, les coûts de facteurs artificiels que sont, le renchérissement du transport dû essentiellement aux tracasseries routières.
Récemment des mesures ont été prises pour améliorer la sécurité alimentaire à Abidjan et partout en Côte d’Ivoire. Ce sont entre autres, la présentation et la validation du programme de sécurité alimentaire et de nutrition par le ministère de l’Agriculture, et le lancement du Projet « le retour du panier de la ménagère » par la FENACOVICI visant à l’achat de véhicules pour le transport des denrées alimentaires.
La sécurité alimentaire est un droit fondamental des individus et des peuples. Elle conditionne la santé, le développement physique et intellectuel, la survie de l’enfant, gage de la paix sociale et donc du développement durable de tout pays. Pour ces raisons évidentes, il est du devoir de la communauté internationale, des peuples, et surtout des Etats de la garantir aux populations.
M-L KIN
Collaboration : E. Adou