Samedi 10 aoรปt 2024
Paris,ย France
Plus transmissible et plus dangereuse que les prรฉcรฉdentes, une nouvelle souche du virus mpox, responsable de la mort d’enfants en Rรฉpublique dรฉmocratique du Congo, prรฉsente dรฉsormais un risque de propagation ร d’autres pays, alertent des chercheurs.
Tous les pays devraient se prรฉparer face ร “cette nouvelle souche avant qu’elle ne se propage ailleurs, avant qu’il ne soit trop tard”, a dรฉclarรฉ Jean-Claude Udahemuka, chercheur ร l’universitรฉ du Rwanda qui รฉtudie cette รฉpidรฉmie.
Depuis la premiรจre dรฉtection de la maladie chez des humains en Rรฉpublique dรฉmocratique du Congo en 1970, mpox – anciennement appelรฉe variole du singe ou monkeypox – a engendrรฉ des flambรฉes rรฉguliรจres, principalement en Afrique, sous l’effet de la souche I du virus.
En 2022, une รฉpidรฉmie mondiale, portรฉe par la souche II, dix fois moins mortelle, s’est propagรฉe dans une centaine de pays oรน la maladie n’รฉtait pas endรฉmique, touchant surtout des hommes homosexuels et bisexuels.
Dans les zones endรฉmiques d’Afrique, les flambรฉes dรฉcoulaient jusqu’alors majoritairement de contacts avec des animaux infectรฉs, par exemple en mangeant de la viande de brousse.
Mais “quelque chose est apparu diffรฉrent” dans un foyer de mpox dรฉtectรฉ en septembre parmi des travailleurs du sexe dans la ville miniรจre isolรฉe de Kamituga, en RDC, a expliquรฉ John Claude Udahemuka, lors d’une confรฉrence de presse en ligne.
Contrairement aux รฉpidรฉmies prรฉcรฉdentes dans ce pays d’Afrique centrale, le virus a รฉtรฉ transmis lors de rapports entre hรฉtรฉrosexuels. Des tests ont identifiรฉ une mutation de la souche originelle, appelรฉe Ib et “sans aucun doute la plus dangereuse ร ce jour”, selon John Claude Udahemuka.
Plus de 1.000 cas de mpox ont รฉtรฉ signalรฉs dans la province du Sud-Kivu depuis, a dรฉclarรฉ Leandre Murhula Masirika, pilote des recherches locales, รฉvoquant plus de 20 nouveaux cas chaque semaine rien qu’ร Kamituga.
Or, selon les chercheurs, 5% des adultes et 10% des enfants contractant cette souche de la maladie en meurent.
Elle provoque des “รฉruptions cutanรฉes horribles sur tout le corps”, alors que la souche II provoque des lรฉsions normalement plus limitรฉes ร la zone gรฉnitale, a exposรฉ Trudie Lang, de l’universitรฉ d’Oxford.
– “Incroyablement inquiรฉtantes” –
Autre changement majeur: la souche Ib s’est aussi propagรฉe par contacts non sexuels, parmi des familles ou des enfants ร l’รฉcole.
Il y a eu un “grand nombre” de transmissions entre les mรจres – ou les personnes s’occupant d’enfants – et les enfants, a pointรฉ Trudie Lang.
De nombreuses fausses couches ont รฉgalement รฉtรฉ recensรฉes, et les chercheurs รฉtudient d’รฉventuels effets sur la fertilitรฉ.
Ces diffรฉrences significatives par rapport aux souches prรฉcรฉdentes de mpox sont “incroyablement inquiรฉtantes”, selon l’experte d’Oxford. Et les cas ร l’hรดpital ne sont probablement que “la partie รฉmergรฉe de l’iceberg”.
Il reste des inconnues de taille sur la nouvelle souche, qui s’est propagรฉe aux villes de Bukavu, Uvira et Kamanyola, puis cette semaine de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu.
Ces villes sont proches des frontiรจres avec le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda.
Si la nouvelle souche n’a pas รฉtรฉ signalรฉe hors de RDC, il est possible qu’elle circule dรฉjร dans les pays voisins, a dรฉclarรฉ Murhula Masirika, selon lequel certains travailleurs du sexe infectรฉs en sont originaires.
Et Goma notamment dispose d’un aรฉroport international. “Il est tout ร fait possible que le virus se retrouve dans un avion”, a alertรฉ Trudie Lang, appelant le monde ร agir rapidement pour endiguer l’รฉpidรฉmie.
L’un des outils, selon les scientifiques, est la vaccination des travailleurs du sexe locaux.
Des chercheurs en Afrique ont plaidรฉ pour que la RDC ait accรจs aux vaccins et traitements contre mpox utilisรฉs dans la plupart des pays touchรฉs par l’รฉpidรฉmie de 2022, mรชme si on ignore encore leur impact sur la nouvelle souche.
Quant aux vaccins contre la variole, bon marchรฉ, largement disponibles dans beaucoup de pays et en capacitรฉ d’agir contre mpox, ils n’ont pas รฉtรฉ mis ร disposition ร Kamituga, selon John Claude Udahemuka.
Or, si la souche actuelle se propage davantage, elle causera “vraiment de gros dรฉgรขts”, a averti Murhula Masirika. “Nous avons trรจs peur”.
L’Organisation mondiale de la santรฉ s’est inquiรฉtรฉe mi-dรฉcembre des risques de propagation internationale de l’รฉpidรฉmie de mpox sรฉvissant en RDC, un mois aprรจs une premiรจre alerte.
Humaniterre avec AFP