La Coopérative de Production Agricole de la Famille Nazareth (COOPAFAN), créée en 2005, intervient aujourd’hui en tant que principal pourvoyeur de semences de riz et de maïs dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire et approvisionne en semences la quasi-totalité des acteurs humanitaires intervenant dans le domaine de la sécurité alimentaire.
Basée à Zouan Hounien (Ouest), elle est le bel exemple d’un projet d’urgence humanitaire devenu un projet d’intérêt économique.
En 2004, le PNUD a soutenu la mise en œuvre d’un projet de reconstitution du capital de production d’une association, au profit des populations retournées dans leurs localités d’origine (Zouan Hounien, Bin Houyé, Toulepleu et Bloléquin) après avoir quitté la région suite aux combats qui s’y déroulaient.
Des intrants agricoles, du petit outillage, et de l’assistance technique pour la reprise de l’activité agricole ont ainsi été fournis aux 2 376 ménages premiers bénéficiaires du projet.
À la récolte, en 2004, 3 080 tonnes de riz paddy furent engrangées sur une superficie d’environ 560 ha. En outre, le renforcement des capacités techniques et organisationnelles des populations cibles par la création de champs école a favorisé la production de 902 ha de riz de bas-fond et 1 563 ha de riz de plateau de variétés locales. Des rendements agronomiques encourageants ont été enregistrés sur les parcelles ayant bénéficié d’intrants comparativement aux résultats des parcelles hors projet (par exemple : riz de bas-fonds : 5,5 t/ha de paddy dans le cadre du projet contre 2,5 t/ha de paddy hors projet).
En 2005, le « Projet Famille » fait sa mutation quand ses bénéficiaires mettent en place une coopérative de production et de commercialisation de produits (COOPAFAN). Les 4 800 adhérents ont étendu leurs activités de production et commercialisation de riz et de semences à celles du café et du cacao. Ces nouvelles productions favorisent la hausse des prix d’achat bord champ des différentes spéculations agricoles dans la zone.
Le prix d’achat des cerises de café est ainsi passé de 75 F CFA à 175 F CFA. En 2008, l’appui continu du PNUD permet à COOPAFAN de disposer d’une unité de blanchiment de riz, d’un magasin de stockage, d’une aire de séchage ouverte et du matériel de pesée. « Ce projet multiforme est véritablement un des meilleurs exemples de l’ouverture aux marchés pour ces petits planteurs » souligne Ndolamb Ngokwey, Représentant Résident du PNUD en Côte d’Ivoire. « La coopérative joue un rôle clé dans l’appui au retour des populations déplacées dans leurs localités d’origine et la reprise de l’activité agricole dans la zone ouest du pays qui a été sévèrement touchée par la crise postélectorale ».
Le dispositif d’appui et d’encadrement de la coopérative permet aujourd’hui d’atteindre directement plus de 5 400 ménages et indirectement environ 30 000 bénéficiaires. Pour la campagne 2009-2010, le chiffre d’affaires global de la coopérative a atteint 84 000 000 F CFA (16 800,00 USD) dont plus de 35 % représente les activités liées au riz (vente de semences et de riz blanchi).
La structure a fait de sa priorité le bien-être économique et social des jeunes et des femmes à travers des activités de production et de commercialisation des produits agricoles, de formation et d’insertion socio-économique. Elle a ainsi favorisé l’émergence de paysans producteurs de semences de riz qui sont encadrés et suivis par le LANADA (Laboratoire National d’Appui au Développement Agricole) dans le cadre du projet CBSS (Système Semencier Communautaire).
Ceux-ci produisent environ 100 tonnes de semences de riz chaque année qui sont rachetées par la coopérative et redistribuées à tous les producteurs de riz de la région.
Son action en faveur des femmes concerne l’installation de 34 femmes chefs de ménages productrices traditionnelles de savons artisanaux « Kabakrou », une initiative soutenue conjointement par la Fondation MTN et le PNUD, « dont les éléments sont restés auprès des populations, malgré les difficultés », a rappelé le colonel Gnonsekan, ancien préfet de Blolequin.
Youssouf Diarra
Credits photo : Youssouf Diarra/PNUD