Lundi 02 dรฉcembre 2024
Busan,ย Corรฉe Du Sud
Les dรฉlรฉguรฉs de plus de 170 pays rรฉunis ร Busan, en Corรฉe du Sud, ont รฉchouรฉ dimanche ร s’entendre sur un traitรฉ mondial contre la pollution plastique, et devront continuer ร nรฉgocier pour tenter de mettre fin ร leurs divergences bรฉantes.
Voici les principaux points d’achoppement des pourparlers, qui ont dรฉmarrรฉ il y a plus de deux ans et se poursuivront en 2025, ร une date et en un lieu qui restent ร dรฉterminer.
– Production –
La rรฉsolution de l’ONU de 2022 qui a lancรฉ les nรฉgociations prรฉvoit “une production et une consommation durable du plastique”.
Mais la signification de cette expression est trรจs diffรฉrente selon les parties.
Certains pays rรฉunis au sein d’une coalition dite “des hautes ambitions” souhaitent que le traitรฉ impose une rรฉduction de la production de plastique vierge, et la suppression de tous les plastiques “non nรฉcessaires” comme celui ร usage unique.
“Il ne sert ร rien de passer la serpilliรจre quand on laisse le robinet ouvert”, a dรฉclarรฉ Anthony Agotha, envoyรฉ spรฉcial de l’Union europรฉenne pour le climat et l’environnement.
Mais d’autres, au premier rang desquels plusieurs gros producteurs de pรฉtrole comme la Russie, l’Iran et l’Arabie saoudite, s’opposent ร toute rรฉduction contraignante.
“L’objectif de ce traitรฉ est de mettre fin ร la pollution par le plastique, et non au plastique lui-mรชme. Le plastique a apportรฉ d’immenses bรฉnรฉfices aux sociรฉtรฉs du monde entier”, a affirmรฉ le dรฉlรฉguรฉ du Koweรฏt Salmane Al-Ajmi.
– “Produits chimiques problรฉmatiques” –
La “Coalition des hautes ambitions”, pilotรฉe par le Rwanda et la Norvรจge, soutient des mesures visant ร rรฉduire ou รฉliminer les “produits chimiques problรฉmatiques”ย pour la santรฉ humaine, sur la base de critรจres mesurables.
Tout accord “doit contenir une obligation claire et juridiquement contraignante d’รฉliminer progressivement les produits plastiques les plus nocifs et les substances chimiques prรฉoccupantes contenues dans les plastiques”, a affirmรฉ la cheffe de la dรฉlรฉgation du Mexique, Camila Zepeda, lors de la derniรจre session plรฉniรจre, dans une dรฉclaration soutenue par 95 pays.
Le reprรฉsentant des Fidji avait auparavant prรฉvenu qu’il n’y aurait “pas de traitรฉ sans une disposition sur les substances chimiques prรฉoccupantes”, qualifiant ce point de “non nรฉgociable”.
Mais certains pays continuent ร rejeter toute initiative visant ร รฉliminer ou ร restreindre des produits chimiques, invoquant les accords internationaux (Reach en Europe, par exemple) et les rรฉglementations nationales existants en matiรจre de toxines.
Selon le Centre pour le droit international de l’environnement (CIEL), plus de 200 lobbyistes des industries pรฉtroliรจres et chimiques ont participรฉ aux nรฉgociations de Busan.
– Financement –
La mise en ลuvre d’un traitรฉ, notamment en ce qui concerne la collecte, le tri et le recyclage des dรฉchets plastiques, coรปtera de l’argent que les pays en dรฉveloppement affirment ne pas avoir.
Un article sur le financement dans le dernier avant-projet d’accord diffusรฉ dimanche contenait de nombreuses formulations possibles et contradictoires, reflรฉtant le profond dรฉsaccord sur qui paiera quoi, et comment.
Les nรฉgociations ont notamment portรฉ sur la crรฉation d’un fonds multilatรฉral dรฉdiรฉ ร cet effet, aprรจs la bataille acharnรฉe menรฉe lors des nรฉgociations sur le climat de la COP29 pour obtenir davantage de moyens financiers de la part des pays dรฉveloppรฉs.
Mais le diable est dans les dรฉtails. “Comme les pays en dรฉveloppement l’ont demandรฉ ร plusieurs reprises ces derniers jours, l’instrument devrait respecter les diffรฉrences nationales et reflรฉter l’รฉquitรฉ et l’inclusivitรฉ”, a dรฉclarรฉ la dรฉlรฉguรฉe de la Chine dimanche en fin de journรฉe.
Les pays en dรฉveloppement soutiennent que les pays riches, qui ont historiquement bรฉnรฉficiรฉ d’activitรฉs industrielles liรฉes ร la production de plastique, doivent mettre la main au portefeuille. Mais les pays dรฉveloppรฉs rรฉtorquent que la majeure partie de la production de plastique dans le monde est le fait de pays en dรฉveloppement.
Mondialement contraignant ou nationalement dรฉterminรฉ? –
Le traitรฉ doit-il crรฉer des rรจgles mondiales globales qui contraindront toutes les nations ร respecter les mรชmes normes, ou permettra-t-il ร chaque pays de fixer ses propres objectifs?
C’est lร un autre point de friction. L’Union europรฉenne a prรฉvenu d’emblรฉe qu’elle ne soutiendrait pas “un traitรฉ dans lequel chaque partie ne ferait que ce qu’elle juge nรฉcessaire”.
De l’autre cรดtรฉ, certains pays affirment que les diffรฉrences de niveau de capacitรฉ et de croissance รฉconomique rendent les normes communes dรฉraisonnables.
L’Iran a demandรฉ la crรฉation d’un “comitรฉ d’รฉvaluation” qui suivrait les progrรจs rรฉalisรฉs, mais qui ne surveillerait “en aucun cas” le respect des normes.
Humaniterre avec AFP