Bangkok,ย Thaรฏlande
Vendredi 24 mai 2024
Plus chaude, plus polluรฉe, plus inhospitaliรจre… La planรจte a changรฉ sous les effets de l’activitรฉ humaine et, dans ce nouvel environnement, les maladies infectieuses progressent.
De rรฉcentes รฉtudes font รฉtat des consรฉquences complexes du changement climatique provoquรฉ par l’Homme, entre propagation de certaines maladies et nouveaux modes de transmission pour d’autres.
En cause notamment, des espรจces vectrices comme le moustique qui prospรจrent sous un climat plus humide aux tempรฉratures รฉlevรฉes, et des animaux porteurs de maladies qui se rapprochent des humains ร mesure que leur habitat disparaรฎt.
La perte de biodiversitรฉ semble jouer un rรดle majeur dans la multiplication des maladies, selon une รฉtude publiรฉe cette semaine dans la revue scientifique Nature.
Ont รฉtรฉ analysรฉes prรจs de 3.000 bases de donnรฉes issues de travaux antรฉrieurs pour dรฉcouvrir comment la perte de biodiversitรฉ, le changement climatique, la pollution, la destruction ou la modification des habitats, ainsi que l’introduction de nouvelles espรจces jouent sur le dรฉveloppement de maladies infectieuses chez l’humain, les animaux et les vรฉgรฉtaux.
L’รฉrosion de la biodiversitรฉ est apparue comme le premier facteur, suivie par le changement climatique et l’introduction de nouvelles espรจces.
Les parasites ciblent des espรจces qui sont prรฉsentes en masse et offrent donc plus d’hรดtes potentiels, souligne Jason Rohr, l’un des auteurs, professeur de biologie ร l’universitรฉ de Notre Dame.
Et les espรจces avec une population plus importante sont plus susceptibles de “se consacrer ร leur croissance, leur reproduction et leur propagation au dรฉtriment de la dรฉfense contre les parasites”, a-t-il expliquรฉ ร l’AFP.
En face, les espรจces plus rares et plus rรฉsistantes sont plus vulnรฉrables au dรฉclin de la biodiversitรฉ, ce qui se traduit par une proportion plus grande d’espรจces abondantes et sensibles aux parasites, a dรฉtaillรฉ le scientifique.
“S’il y a plus de gรฉnรฉration de parasites ou de vecteurs, alors il peut y avoir plus de maladies”, a rรฉsumรฉ M. Rohr.
– Consรฉquences inรฉgales –
Cependant, l’empreinte humaine sur la planรจte n’a pas fait qu’accroรฎtre les risques.
La perte ou le changement d’habitat ont รฉtรฉ associรฉs dans certains cas ร un recul des maladies, surtout grรขce aux progrรจs venus avec l’urbanisation, comme l’eau courante et les รฉgouts.
Et les consรฉquences du changement climatique ne sont pas les mรชmes partout.
Dans les rรฉgions tropicales, le climat plus chaud et humide entraรฎne une explosion des cas de dengue. Mais en Afrique, des conditions plus sรจches pourraient permettre d’endiguer la propagation de la malaria.
Une รฉtude publiรฉe cette semaine dans la revue Science a modรฉlisรฉ les interactions entre le changement climatique, les prรฉcipitations et les processus hydrologiques tels que l’รฉvaporation et la vitesse ร laquelle l’eau pรฉnรจtre les sols.
Cette recherche prรฉdit une rรฉduction des zones propices ร la transmission plus importante que celle prรฉvue par des analyses fondรฉes sur les seules prรฉcipitations.
L’รฉtude avance que la saison de transmission du paludisme pourrait รชtre plus courte de quatre mois dans certaines rรฉgions d’Afrique, par rapport ร ce qui รฉtait prรฉcรฉdemment estimรฉ.
Nรฉanmoins, ces observations ne sont pas forcรฉment de bonnes nouvelles, a tempรฉrรฉ Mark Smith, professeur associรฉ de recherche en hydrologie ร l’universitรฉ de Leeds et principal auteur de cette รฉtude.
“Les zones propices (ร la propagation) de la malaria vont changer”, a-t-il dรฉclarรฉ ร l’AFP.
Et il est prรฉvu que la population croisse rapidement dans les rรฉgions oรน la malaria sรฉvira toujours ou deviendra transmissible, augmentant l’incidence de la maladie.
Smith prรฉvient que des conditions trop rudes pour la malaria peuvent รฉgalement l’รชtre pour les humains, prenant l’exemple de la disponibilitรฉ en eau.
– Maladies, climat, mรชme combat –
Les liens entre le climat et les maladies infectieuses suggรจrent malgrรฉ tout que la modรฉlisation climatique peut permettre d’anticiper les รฉpidรฉmies.
Les tempรฉratures locales et les prรฉvisions de prรฉcipitations sont dรฉjร utilisรฉes pour prรฉdire des hausses du nombre de cas de dengue, mais elles n’offrent que des informations ร court terme et ne sont pas toujours fiables.
L’index du bassin de l’ocรฉan Indien (IOBW), qui mesure la moyenne des anomalies de tempรฉratures ร la surface de l’eau, pourrait รชtre une alternative.
Une autre รฉtude publiรฉe dans la revue Science cette semaine relรจve en effet l’existence d’une รฉtroite corrรฉlation entre les fluctuations de l’IOBW et les รฉpidรฉmies de dengue dans les hรฉmisphรจres Sud comme Nord.
L’รฉtude รฉtant rรฉtrospective, le potentiel prรฉdictif de l’IOBW n’a pas รฉtรฉ prouvรฉ, mais surveiller cet index pourrait aider les autoritรฉs ร mieux se prรฉparer.
Dans tous les cas, s’attaquer aux maladies infectieuses revient ร s’attaquer au changement climatique, rรฉsume M. Rohr.
Humaniterre avec AFP