Abidjan, Cรดte d’Ivoire
Lundi 10 fรฉvrier 2025
Une nouvelle organisation humanitaire est priรฉe de plier bagage au Niger: le gouvernement a demandรฉ au Comitรฉ international de la Croix-Rouge (CICR) de quitter le pays avec effet immรฉdiat.
Selon une source proche du dossier, Niamey a “dรฉnoncรฉ les accords” avec le CICR et certains expatriรฉs ont commencรฉ ร quitter le pays.
Le bureau de la dรฉlรฉgation ร Niamey a fermรฉ depuis mardi, a t-elle ajoutรฉ.
Le mรฉdia nigรฉrien Aรฏr Info a confirmรฉ que le gouvernement nigรฉrien avait ordonnรฉ, dans une note verbale, la fermeture des bureaux et le dรฉpart immรฉdiat du personnel expatriรฉ.
Aucune raison n’a รฉtรฉ dรฉvoilรฉe ร ce stade pour cette dรฉcision.
Le gouvernement a fait de la souverainetรฉ nationale une de ses prioritรฉs.
Il a notamment demandรฉ auxย soldats franรงais et amรฉricains engagรฉs dans lโoperation Barkane ย de quitter son sol, expulsรฉ l’ambassadeur franรงais puis celui de l’Union europรฉenne.
Aprรจs le CICR, certaines organisations humanitaires sont aussi dans leur viseur.
Fin janvier, le ministre de l’Intรฉrieur, le gรฉnรฉral Mohamed Toumba, ย avait affirmรฉ prendre “d’importantes mesures pour assurer le suivi et l’encadrement des ONG et des organisations de dรฉveloppement”.
“Nos enquรชtes ont permis de dรฉcouvrir qu’il y a beaucoup d’ONG qui sont en accointances avec ces partenaires qui nous portent la guerre ร travers des missions de subversion (…) ร travers des soutiens qu’ils apportent souvent aux terroristes”, a-t-il prรฉcisรฉ, expliquant prรดner “la souverainetรฉ”.
En novembre, le pouvoirย avait retirรฉ l’autorisation d’exercer ร l’ONG franรงaise Acted et ร l’association nigรฉrienne Action pour le bien-รชtre (ABPE), sans prรฉciser les motifs.
Le Niger continue toutefois de recevoir l’aide d’organisations internationales comme le Fonds monรฉtaire international (FMI) qui a conclu en novembre un accord avec Niamey pour le dรฉcaissement de 43 millions de dollars.
Le CICR รฉtait prรฉsent au Niger depuis 1990. Le pays est confrontรฉ depuis une dizaine d’annรฉes aux attaques de groupes affiliรฉs ร l’Etat islamique et Al-Qaรฏdaย et particuliรจrement dans la zone du Liptako-Gourma (sud-ouest) et du bassin du lac Tchad (est).
Lundi, dix soldats ont รฉtรฉ tuรฉs dans la rรฉgion de Tillabรฉri, lors d’une “embuscade”, selon l’armรฉe.
Cette rรฉgion est devenue l’รฉpicentre des violences jihadistes dans le pays. Deux opรฉrations d’envergure de l’armรฉe y sont dรฉployรฉes.
Elle est รฉgalement le lieu de passage de milliers de camions de fret du Niger arrivant chaque mois du port de Lomรฉ, au Togo, via le nord du Burkina, sous escorte des armรฉes des deux voisins.
Dรฉbut dรฉcembre 2024, 21 civils qui rentraient d’une foire hebdomadaire ร bord d’un vรฉhicule ont รฉtรฉ froidement assassinรฉs par des jihadistes prรฉsumรฉs sur cet axe routier.
Avec ses deux voisins, le Burkina Faso et le Mali, eux aussi confrontรฉs aux mรชmes violences, le Niger a annoncรฉ la crรฉation prochaine d’une force commune de 5.000 hommes.
Les trois pays qui ont formรฉ une confรฉdรฉration, l’Alliance des Etats du Sahel (AES), ont quittรฉ fin janvier la Communautรฉ รฉconomique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cedeao).
Humaniterre avec AFP