Abidjan,ย Cรดte d’Ivoire
Lundi 28 juillet 2025
“La passion pour la robotique est venue accroรฎtre mon envie d’amรฉliorer les conditions dans lesquelles mes parents avaient l’habitude de cultiver”, confie Pรฉlรฉ Ouattara, 20 ans, รฉtudiant ร l’Institut national polytechnique Fรฉlix Houphouรซt-Boigny (INPHB) et fils d’agriculteurs.
Quelques mรจtres plus loin, dans une รฉquipe adverse, Urielle Diaidh, 24 ans, est inscrite ร l’Universitรฉ polytechnique de Bingerville. “Sans les nouvelles nouvelles technologies, l’agriculture risque de s’รฉteindre”, dit-elle.
La mรฉcanisation stagne ร moins de 30% dans ce secteur et la main-d’oeuvre vieillissante peine ร se renouveler, selon le Centre national de recherche agronomique (CNRA), qui a annoncรฉ en mai l’intรฉgration ร venir de nouvelles technologies dans ses programmes.
“L’agriculture 4.0”, thรจme du concours, “c’est une agriculture amรฉliorรฉe, augmentรฉe au travers des nouvelles technologies, que ce soient des robots, des drones, l’intelligence artificielle, le traitement de donnรฉesย qui vont permettre d’aider l’agriculteur”, assure Paul-Marie Ouattara, 27 ans, ingรฉnieur en transformation digitale pour une entreprise privรฉe et ร l’initiative du concours.
Entourรฉ de petits robots blancs en mouvement sur des circuits, il dit constater “un intรฉrรชt rรฉel des jeunes pour cette agriculture 4.0”. En Cรดte d’Ivoire qui accueille ce mois-ci son premier salon de la tech Ivoire Tech Forum, 75% de la population a moins de 35 ans.
Un technicien prรฉpare un drone qui pulvรฉrisera des fongicides sur des champs de fruits de la passion prรจs de Djekanou, le 17 avril 2025. Un drone pulvรฉrisateur de pesticides d’une capacitรฉ de 20 litres (cinq gallons amรฉricains) peut coรปter neuf millions de francs CFA ouest-africains, soit environ 16 000 dollars. C’est neuf fois plus que ce que gagnerait en six mois un agriculteur moyen, propriรฉtaire d’un hectare (deux acres et demi) de cacaoyers. Pour rรฉduire ces coรปts, hors de portรฉe de la plupart des agriculteurs, un certain nombre d’entreprises ivoiriennes proposant du matรฉriel et des technologies ร la location ont vu le jour. (Photo par Issouf SANOGO / AFP)
Un technicien pilote un drone pour pulvรฉriser des fongicides sur des champs de fruits de la passion prรจs de Djekanou, le 17 avril 2025. (Photo par Issouf SANOGO / AFP)
– Allรฉger un travail “pรฉnible” –
Au ministรจre de la Transition numรฉrique et de la Digitalisation, le directeur de l’Innovation et du secteur privรฉ, Stรฉphane Kounandi Coulibaly, note une “augmentation” du nombre de start-ups spรฉcialisรฉes dans l'”agritech” – nom de ce secteur ร l’essor mondial -, souvent dirigรฉes par des jeunes.
Une tendance รฉgalement observรฉe au Bรฉnin, au Nigeria ou au Kenya.
Dans le cacao par exemple, dont la Cรดte d’Ivoire est premier producteur mondial (40%), “on a remarquรฉ l’apparition des nouvelles technologies depuis 4 ou 5 ans”, relรจve le secrรฉtaire gรฉnรฉral de la centrale des syndicats de producteurs de cacao, Thibeaut Yoro.
Il rapporte l’utilisation de nouvelles machines pour allรฉger un travail “pรฉnible” aux “pratiques archaรฏques”.
“On creuse, on dรฉbroussaille, on cueille ร la machette”, dรฉplore-t-il. Rรฉsultat, les planteurs se plaignent “de maux de dos, de la fatigue, ils ne peuvent pas travailler longtemps”, dit-il.
“Ce sont des choses qui peuvent รชtre changรฉes avec les nouvelles technologies”, affirme M. Yoro, mais pour qui ?
Pour pulvรฉriser des pesticides, l’achat d’un drone de 10 ou 20 litres peut coรปter respectivement 3 ou 9 millions de francs CFA (4.573 ou 13.720 euros).ย Soit 3 ou 9 fois le revenu en six mois d’un planteur moyen, propriรฉtaire d’un hectare et de 500 kilos de cacao, selon le prix fixรฉ en avril.
Des entreprises ivoiriennes proposent de faire baisser la facture, en louant leurs services.
Dans la campagne verdoyante qui entoure Tiassalรฉ, ร 125 km d’Abidjan, Faustin Zongo a fait appel ร une sociรฉtรฉ pour pulvรฉriser son champ de fruits de la passion avec des pesticides grรขce ร un drone: 10 minutes et 15.000 francs CFA (22,8 euros) par hectare.
Avec les mรฉthodes traditionnelles, “pour un hectare, il faut deux jours”, dit-il.
Un drone pulvรฉrise des fongicides dans les champs de fruits de la passion prรจs de Djekanou, le 17 avril 2025. Un drone pulvรฉrisateur de pesticides d’une capacitรฉ de 20 litres (cinq gallons amรฉricains) peut coรปter neuf millions de francs CFA ouest-africains, soit environ 16 000 dollars.
C’est neuf fois plus que ce que gagnerait en six mois un agriculteur moyen, propriรฉtaire d’un hectare (deux acres et demi) de cacaoyers.
Pour rรฉduire ces coรปts, hors de portรฉe de la plupart des agriculteurs, un certain nombre d’entreprises ivoiriennes proposant du matรฉriel et des technologies ร la location ont vu le jour. (Photo par Issouf SANOGO / AFP)
– “Rendement optimisรฉ” –

A ses cรดtรฉs, la cheffe de projet pour l’entreprise Investiv – ร qui M. Zongo a fait appel – confirme que l’agriculture de prรฉcision, ร base de matรฉriel technologique souvent d’ailleurs importรฉ de Chine, rend le secteur “plus attractif”.
“Il y a de plus en plus de jeunes qui font un retour ร la terre et viennent vers nous”, affirme Nozรฉnรฉ Blรฉ Binatรฉ, 42 ans.
L’entreprise Jool propose de son cรดtรฉ une analyse de donnรฉes par un logiciel, ร partir de quelques dizaines de milliers de francs CFA (quelques dizaines d’euros).
Dans ses bureaux situรฉs en pรฉriphรฉrie d’Abidjan, son crรฉateur Joseph-Olivier Biley, un fils d’agriculteur de 32 ans, s’enthousiasme : son logiciel, vante-t-il, permet de “savoir quoi planter, oรน, comment”, “dรฉtecter les maladies avant qu’elles ne se propagent” et mรชme anticiper un rendement, “optimisรฉ de plus de 40%”.
Humaniterre avec AFP