Vendredi 09 aoรปt 2024
Bukavu,ย RD Congo
Sanctuaire des derniers gorilles des plaines orientales, le parc national de Kahuzi-Biega (PNKB), dans la province du Sud-Kivu, subit une dรฉforestation ร grande รฉchelle, du fait notamment des violences armรฉes dans l’est de la Rรฉpublique dรฉmocratique du Congo, alertent des organisations locales.
Sciรฉs puis dรฉbitรฉs en planches ou transformรฉs en charbon de bois, quelque 1.500 arbres sont abattus chaque mois dans le parc, ont dรฉplorรฉ dans un rรฉcent rapport la Synergie des organisations de la sociรฉtรฉ civile pour la promotion des droits humains et l’environnement (SYDHE) et l’Institut pour la gouvernance et l’รฉducation รฉlectorale (IGE).
Transportรฉs dans des vรฉhicules privรฉs, ร moto ou sur la tรชte, les planches et sacs sont acheminรฉs vers Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, mais aussi en bateau via le Lac Kivu vers Goma, dans la province voisine du Nord-Kivu.
La pression dรฉmographique est pointรฉe du doigt comme la principale cause du dรฉboisement, mais la situation s’est aussi aggravรฉe avec la dรฉgradation de la situation sรฉcuritaire dans le Nord-Kivu.
“Plusieurs endroits des territoires de Masisi et de Rutshuru sont occupรฉs (par la rรฉbellion du M23, active depuis fin 2021) et, pour se procurer du bois, la population n’a d’autre alternative que le parc de Kahuzi-Biega”, indique Patrice Lwabaguma, un des auteurs du rapport.
Innocent Bayubasire, chef de bureau ร la coordination provinciale de l’environnement et du dรฉveloppement durable, assure que des “contrรดleurs forestiers” ont รฉtรฉ dรฉployรฉs dans les territoires riverains du parc. “Au village de Kasheke, par exemple, ils ont arraisonnรฉ en mai trois bateaux transportant 8.900 sacs de braise et deux pirogues motorisรฉes chargรฉes de plus de 700 sacs”, a-t-il prรฉcisรฉ.
“L’exploitation miniรจre illรฉgale et la carbonisation figurent parmi les grands dangers qui affectent l’intรฉgritรฉ รฉcologique” du parc, a rรฉagi la direction du PNKB. “La pรฉriode de 2019 ร 2023 constitue le pic de la dรฉforestation, avec un taux en constante augmentation”, prรฉcise le parc, dans un texte signรฉ de son directeur Arthur Kalonji Mulamayi.
Les zones touchรฉes “sont occupรฉes par des personnes armรฉes ou protรฉgรฉes par des groupes armรฉs qui y pratiquent la carbonisation, la coupe de bois d’oeuvre et l’exploitation miniรจre illรฉgale ร grande รฉchelle”, dรฉplore-t-il.
“Le Parc et ses partenaires” ont entrepris des actions auprรจs des autoritรฉs en vue de “neutraliser ces personnes qui dรฉtruisent le Parc”, assure encore sa direction. “Parallรจlement, le Parc mรจne des campagnes de sensibilisation auprรจs des communautรฉs riveraines” pour les convaincre de “l’importance de prรฉserver cette richesse naturelle”.
D’une superficie de 6.000 km2, le PNKB, qui abrite les derniers gorilles des plaines de l’Est (graueri), a รฉtรฉ classรฉ patrimoine mondial en pรฉril en 1997.
Humaniterre avec AFP