Jeudi 24 octobre 2024
Abidjan,ย Cรดte d’Ivoire
Les groupes armรฉs jihadistes au Burkina Fasoย ย ontย ย intensifiรฉ ces derniers mois leurs attaques contre les civils, “massacrant des villageois, des personnes dรฉplacรฉes et des fidรจles chrรฉtiens”, ย a dรฉnoncรฉย mercredi ย 18 septembre dernier Human Rights Watch (HRW) dans un rapport accompagnรฉ de tรฉmoignages effroyables.
“Les assaillants tiraient partout de faรงon alรฉatoire, j’ai vu des dizaines de corps”, a ainsi racontรฉ ร HRW une femme rescapรฉe d’une attaque en mai qui a fait au moins 80 morts et prรจs de 40 blessรฉs dans un camp de dรฉplacรฉs ร Goubrรฉ (nord).
Exรฉcutions “porte-ร -porte”, รฉgorgements, corps dรฉmembrรฉs, femmes violรฉes… L’organisation internationale de dรฉfense des droits humains dรฉtaille sur une dizaine de pages les atrocitรฉs commises depuis le dรฉbut de l’annรฉe par les groupes armรฉs contre les civils dans ce pays sahรฉlien.
Citรฉe dans le rapport, l’organisation Armed Conflict Location & Event Data (ACLED), qui rรฉpertorie les victimes des conflits dans le monde, dit avoir dรฉnombrรฉ plus de 26.000 personnesย tuรฉes – militaires, miliciens et civils confondus – au Burkina Faso depuis le dรฉbut du conflit en 2016.
Sur les huit ย premiers mois de l’annรฉe seulement, ACLEDย recense “plus de 6.000” morts, dont environ 1.000 civils tuรฉs par les “groupes armรฉs islamistes”.
HRW prรฉcise que “ces chiffres n’incluent pas les 100 ร 400 civils tuรฉs lors de l’attaque du 24 aoรปt” ร Barsalogho, dans le centre du pays.
A Niamana, dans l’extrรชme ouest, un habitant raconte: “Nous sommes pris entre le marteau et l’enclume, d’un cรดtรฉ les autoritรฉs nous poussent ร retourner dans les villages oรน la sรฉcuritรฉ n’est pas garantie, de l’autre, les jihadistes nous attaquent lorsque nous retournons dans nos champs et nos maisons”.
Le Groupe de soutien ร l’islam et aux musulmans (GSIM), affiliรฉ ร Al-Qaรฏda, “opรจre dans 11 des 13 rรฉgions” du pays, selon Acled, et commet rรฉguliรจrement des attaques au Niger et au Mali voisins – comme ร Bamako, la capitale malienne, oรน il a revendiquรฉ le mardi 18 septembre une double attaque contre l’aรฉroport militaire et un camp de gendarmerie.
Si ce nouveau rapport de HRWย montre que les groupes armรฉs islamistes auย Burkina Fasoย ontย intensifiรฉ leurs attaques contre les civilsย (villageois,personnes dรฉplacรฉes, fidรจles chrรฉtiens…)ย en violation du droit international humanitaire et constituant des crimes de guerre,ilย met aussi en exergue les dรฉfis auxquels se heurtent les rรฉponses rรฉgionales africaines ร la violence dans le pays et dans toute la rรฉgion du Sahel. LโUnion africaine (UA), y compris son Conseil de paix et de sรฉcuritรฉ, et la Commission africaine des droits de lโhomme et des peuples (CADHP), nโont pas suffisamment abordรฉ le problรจme des abus perpรฉtrรฉs dans le cadre du conflit, amรฉliorรฉ la protection des civils ou cherchรฉ ร obtenir justice pour les abus commis.
En juillet 2023, une dรฉlรฉgation du Conseil de lโUA sโestย rendueย au Burkina Faso, sโengageant ย ร renforcer le soutien humanitaire de lโUnion au pays. Le Conseil nโa cependant pas abordรฉ lโimpunitรฉ ย comme facteur clรฉย des abus, ni agi davantage pour protรฉger les civils ou demander des comptes aux responsables de graves violations.
La CADHP a organisรฉ quatre sessions entre aoรปt 2023 et juin 2024 sans suffisamment discuter de la situation des droits humains au Burkina Faso, malgrรฉ de nombreuses preuves de graves violations.
ยซย Le Conseil de paix et de sรฉcuritรฉ de lโUA devrait sโattaquer ร la recrudescence des atrocitรฉs au Burkina Faso et ร la dรฉtรฉrioration de la situation dans le paysย ยป, a conclu Ilaria Allegrozzi,chercheuse senior sur le Sahel ร Human Rights Watch. ยซย La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples devrait enquรชter sur les abus en cours et proposer des options pertinentes pour รฉtablir les responsabilitรฉs.ย ยป
Humaniterre
Sources : Human Right Watch / AFP
https://www.hrw.org/fr/news/2024/09/18/burkina-faso-des-groupes-armes-islamistes-terrorisent-les-civils