Freetown, Sierra Leone
Lundi 07 avril 2025
Depuis son petit atelier ร Freetown, James Samba travaille sur le prototype d’un vรฉhicule รฉlectrique entiรจrement fabriquรฉ ร partir de matรฉriaux de rรฉcupรฉration.
A l’heure de pointe, les rues de la capitale du Sierra Leone offrent le spectacle d’une cohue de minibus, de motos, de taxis partagรฉs et de tricycles motorisรฉs appelรฉs “kekes”, contribuant tous ร la pollution de l’air.
Aprรจs la mort de son oncle, qu’il dit dรฉcรฉdรฉ d’une maladie respiratoire ร force de d’inhaler les รฉmanations toxiques des vรฉhicules, l’รฉtudiant de 23 ans a eu l’idรฉe de dรฉvelopper un keke alimentรฉ ร l’รฉnergie รฉlectrique.
“J’ai voulu sauver d’autres personnes pour qu’elles ne meurent pas de maladies respiratoires ร cause de la pollution de l’air”, raconte James Samba.
Entiรจrement fabriquรฉ ร partir de matรฉriel de rรฉcupรฉration, son vรฉhicule รฉlectrique rose, semblable ร une petite voiture de golf, dรฉambule dรฉsormais dans les rues de Freetown.
L’initiative, bien qu’isolรฉe, veut proposer une alternative รฉcologique aux vรฉhicules alimentรฉs aux carburants
Chaque annรฉe, 4,2 millions de personnes meurent prรฉmaturรฉment ร cause de la pollution de l’air, estime l’Organisation Mondiale pour la Santรฉ (OMS).
Comme dans beaucoup de pays d’Afrique de l’ouest, les embouteillages ร Freetown et le parc automobile mal entretenu exacerbent les problรจmes de pollution.
Le Programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP) estime que 1.200 personnes sont mortes de la pollution de l’air dans le pays en 2021.
– รnergie solaire –
Le jeune inventeur avait dรฉjร construit une chaise roulante รฉlectrique pour son oncle qui n’avait pas accรจs aux transports en commun.
Grรขce ร son initiative, James Samba a collaborรฉ avec la start-up NEEV Salone, qui assemble et commercialise des tricycles รฉlectriques.
C’est l’รฉtudiant qui a eu l’idรฉe d’ajouter un panneau solaire sur le toit des petits vรฉhicules de l’entreprise.
“Nous avons une flotte de 100 tricycles, trois stations de recharges et des points de change de batterie pour nos clients,” explique Emmanuella Sandy, cofondatrice et cheffe des opรฉrations chez NEEV Salone.
“Nos e-kekes sont en plein boom, on fait des รฉchanges de batterie pour rรฉduire le temps d’attente des conducteurs et nous avons formรฉ 60 รฉtudiants du dรฉpartement dโingรฉnierie mรฉcanique de l’universitรฉ ร assembler et faire la maintenance des vรฉhicules รฉlectriques,” ajoute-elle.
Le dรฉveloppement de vรฉhicules รฉlectriques fait face ร plusieurs obstacles au Sierra Leone, oรน le rรฉseau รฉlectrique est peu performant, subit de nombreux dรฉlestages et oรน la saison des pluies dure 6 mois, limitant le fonctionnement du solaire.
Un peu plus de 20% des foyers ont accรจs ร l’รฉlectricitรฉ, selon un rapport de 2024 de la Banque mondiale.
Pour fournir en รฉlectricitรฉ ses points de charge, NEEV Salone utilise le solaire, des gรฉnรฉrateurs et le rรฉseau national.
James Samba l’affirme, les kekes solaires sont plus rentables pour les conducteurs: faible coรปt d’entretien, รฉconomie sur l’essence.
Mais il faut dรฉbourser autour de 5.000 dollars pour acheter un des modรจles de NEEV Salone, une fortune dans l’un des pays les plus pauvres du monde.
Ce coรปt n’aย pas dissuadรฉ certains conducteurs d’investir, comme Thomas Kanu: “Le tricycle solaire est confortable et est un business rentable, je n’ai plus ร m’inquiรฉter des pรฉnuries d’essence,” affirme le chauffeur de 25 ans.
Humaniterre avec AFP