Vendredi 08 mars 2024
Un parlementaire indépendant a récemment déposé un projet de loi visant à lever l’interdiction de l’excision.
La pratique avait été proscrite dans ce pays majoritairement musulman en 2015 à l’époque où Yahya Jammeh était encore président.
Le parlementaire Almameh Gibba a introduit la proposition de loi en première lecture ce lundi 04 mars 2024.
L’examen a été renvoyé à une seconde lecture prévue le 18 mars. L’homme indique que l’excision n’est pas une nécessité en Islam bien que des religieux musulmans influents fassent pression pour la levée de l’interdiction.
Tandis que les militants des droits des femmes promettent de faire campagne pour son maintien.
La directrice de l’Association des avocates de Gambie, Anna Njie, a déclaré que l’abrogation de l’interdiction serait un pas en arrière.
“Nous n’avons pas le pouvoir de dire à l’Assemblée nationale ce qu’il faut faire, mais nous avons des droits réservés dans la constitution pour intenter des poursuites lorsque certains droits fondamentaux sont violés”, a-t-elle déclaré.
Le chef du parti majoritaire au Parlement, Billay Tunkara, a déclaré qu’il n’avait pas encore décidé d’appuyer le projet de loi. “Nous prenons notre temps parce que c’est un domaine très sensible qui n’a pas seulement lié à la religion ou à l’aspect culturel, mais aussi les droits de l’homme et les questions de santé”, a-t-il déclaré.
Plus des trois-quarts (+ de 75%) des femmes gambiennes âgées de 15 à 49 ans ont subi des mutilations génitales, selon l’ONU.
L’ONU appelle la Gambie à ne pas relégaliser l’excision
Un projet de loi au parlement gambien vise à abroger la loi modifiant la loi qui interdit les mutilations génitales féminines depuis 2015. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme à Genève demande le retrait de ce projet.
L’ONU a appelé les élus de Gambie à «rapidement retirer» un projet de loi levant l’interdiction des mutilations génitales féminines, qui sont «une violation odieuse des droits humains».
«Nous sommes alarmés par le dépôt d’un projet de loi au parlement gambien visant à abroger la loi modifiant la loi sur les femmes de 2015 qui interdit les mutilations génitales féminines», a déclaré un porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies, interrogé par l’AFP.
En seconde lecture, le 18 mars
«Ces mutilations constituent une violation odieuse des droits humains et causent des préjudices physiques et mentaux permanents aux femmes et aux filles», a-t-il souligné.
Pour le Haut-Commissariat, «il est crucial que la Gambie maintienne les acquis réalisés pour lutter contre cette pratique néfaste et continue de promouvoir une société qui protège les droits et la dignité de tous, en particulier des femmes et des filles».
L’Assemblée nationale de Gambie a commencé lundi l’examen du texte de loi dénoncé par l’ONU. Une seconde lecture du texte est prévue le 18 mars et ses perspectives d’adoption et d’application sont incertaines.
L’éventualité d’un retour à la légalisation des mutilations génitales féminines, dont l’excision, divise l’opinion gambienne depuis des mois, entre les tenants de la tradition et de nombreuses organisations de la société civile qui pressent au contraire le gouvernement de rester ferme.
L’Unicef indiquait dans un rapport en 2021 que 76% des Gambiennes de 15 à 49 ans avaient subi des mutilations génitales et 75% des Gambiennes de 15 à 19 ans.
Plus de 230 millions de survivantes de mutilations génitales dans le monde, selon l’Unicef
Plus de 230 millions de filles et de femmes en vie aujourd’hui dans le monde ont subi des mutilations génitales, un chiffre en hausse de 15% depuis la précédente estimation de 2016, selon un rapport de l’Unicef publié ce jeudi 07 mars 2024
L’Afrique est le continent le plus touché avec plus de 144 millions de survivantes de ces mutilations génitales féminines, devant l’Asie (80 millions) et le Moyen-Orient (six millions), précise ce rapport qui se concentre sur 31 pays où la pratique est courante.
Humaniterre
Sources : Africanews/AFP