Korhogo – Nord Côte d’Ivoire
Vendredi 17 mars 2023
Un atelier de restitution s’est tenu le vendredi 17 Mars 2023 à la Direction du Centre de Gestion de la SODEFOR de Korhogo. Ce fût l’occasion pour le Dr ASSI Lordia Florentine de présenter les résultats des travaux issus de son projet intitulé « Cartographie de la vulnérabilité et des stratégies d’adaptation des éleveurs locaux face aux changements climatiques à Katiali et Dianra (Nord de la Côte d’Ivoire) ».
Ledit projet est une initiative du Programme Ouest-Africain de Leadership Climatique pour les Femmes (WAfriCLP), financé par le Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI) et piloté par le Centre d’Excellence Africain WASCAL/CCBAD de l’Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY (Abidjan/Côte d’Ivoire) en partenariat avec l’Université de Naïrobi (Kenya) et l’IRA de l’Université de Dar-es-Salaam (Tanzanie).
L’étude qui s’est déroulée sur une période de dix-huit mois soit de septembre 2020 à février 2022, visait à analyser le niveau de vulnérabilité des éleveurs locaux face aux changements climatiques dans les localités de Katiali et Dianra.
Elle a été initiée pour le volet Recherche du Programme WAfriCLP, Dr ASSI Lordia Florentine a bénéficié de l’appui institutionnel du Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS) et de l’Institut de Géographie Tropicale (IGT) de l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan -Côte d’Ivoire. Le Dr ASSI Lordia a été encadrée par le Dr AMIN Ariane, Maître–Assistant et le Dr Nguessan Alexis, Maître de Conférences, tous deux de l’Université Félix HOUPHOUËT -BOIGNY.
L’atelier de restitution avait pour objectif de présenter le Programme WAfriCLP, de diffuser les résultats obtenus dans la réalisation du projet et enfin de recueillir les propositions des participants en lien avec les activités du projet en vue de produire le rapport final. Au vu de la pertinence de cette thématique pour eux, les participants n’ont pas manqué d’apporter leur contribution et de remercier le Dr Assi et les bailleurs de fonds qui ont rendu possible cette rencontre.
L’élevage de bovins constitue une activité importante qui concerne un grand nombre d’éleveurs estimé à plus de 360 000 exploitants selon le Recensement National Agricole (RNA) de 2001 bien que la Côte d’Ivoire soit un pays côtier. Et, cette activité est surtout pratiquée dans la partie septentrionale de la Côte d’Ivoire car disposant de nombreux atouts naturels (fourrage, points d’eau).
Cependant, les changements climatiques caractérisés par les hausses de température et les irrégularités de la pluviométrie perturbent fortement l’activité pastorale.
L’étude avait pour objectif d’analyser le niveau de vulnérabilité des éleveurs locaux face aux changements climatiques à Katiali et Dianra.
Une méthodologie combinant une géolocalisation des sites d’activité pastorale, l’utilisation d’images satellites Landsat 5 de 1990 et Landsat 8 de 2020, des entretiens semi-structurés avec les responsables administratifs, de l’association des éleveurs locaux à un focus group discussion avec les éleveurs locaux, a été utilisée.
Des résultats obtenus, il faut retenir la réduction des espaces de « savane » de presque 50% passant de 45,73% en 1990 à 28,93% en 2020 au profit des autres espaces des territoires de Katiali et Dianra ; en 1990 et 2020, le mois de juillet est resté le mois le plus pluvieux, mais les précipitations ont baissé de 250 mm de pluie en 1990 et 220 mm en 2020 à Katiali.
Tandis qu’à Dianra, l’on a relevé une augmentation des précipitations qui étaient de 190 mm de pluie en juillet passant à 320 mm en Septembre marqué comme le mois le plus pluvieux. Et ce, avec des températures variant entre 20 et 30°C dans les deux localités . Aussi, en saison sèche, y a-t-il tarissement des points d’eau et assèchement des fourrages.
Pour donc faire face à la raréfaction des ressources naturelles nécessaires à l’alimentation et à l’abreuvement du bétail, les éleveurs locaux migrent avec une partie de leurs troupeaux vers d’autres localités propices au cours de cette saison, tandis que l’autre partie des troupeaux reste sur place à Katiali et à Dianra pour laquelle ils achètent en grande quantité des compléments alimentaires pour bétail.
L’étude de Dre ASSI Lordia Florentine pourra aider à mieux schématiser l’itinéraire et les couloirs de transhumance vu l’identification faite des zones d’abondance de fourrages en saison de pluie, des zones asséchées en saison sèche, des zones inondables en saison de pluie, des zones où l’eau tarit durant la saison sèche ; des périodes favorables au pâturage et des périodes non favorables au pâturage.
Cela permettra d’anticiper les questions conflictuelles entre éleveurs et agriculteurs liées à l’usage des ressources naturelles vu que les mêmes sites sont utilisés pour l’agriculture et l’élevage de bovins, si l’on veut parvenir à une sécurité alimentaire en protéines animales bovines et aider à atteindre les Objectifs de Développement Durables ODD 1, 2, 3, 8, 13 et 17.
Cette étude est réplicable dans toutes les localités ivoiriennes où est pratiqué l’élevage de bovins et il est souhaitable qu’elle le soit car les défis du changement climatique nous obligent de plus en plus à anticiper ses impacts négatifs sur les activités de l’homme et surtout ceux qui touchent à la sécurité alimentaire.
ASSI Lordia Florentine1, 3, AMIN Ariane2, 3, N’GUESSAN Atsé Alexis2
- Université Peleforo GON COULIBALY, Korhogo, Côte d’Ivoire
- Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, Abidjan, Côte d’Ivoire
- Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS), Abidjan, Côte d’Ivoire