Mardi 23 dรฉcembre 2025
Ils ont survรฉcu aux bombes et aux balles, mais beaucoup ont perdu un bras ou une jambe lorsque les combattants du M23 ont pris la ville de Goma, dans l’est de la Rรฉpublique dรฉmocratique du Congo, il y a prรจs d’un an.
Allongรฉ sur un tapis, David Muhire a pรฉniblement soulevรฉ sa cuisse tandis qu’un soignant en uniforme blanc y plaรงait des poids pour augmenter l’effort et faire travailler les muscles.
La jambe de ce jeune homme de 25 ans a รฉtรฉ amputรฉe au niveau du genou. Il fait partie des nombreuses personnes dont le corps porte les cicatrices de la violente offensive du M23, soutenu par le Rwanda.
Muhire faisait paรฎtre ses vaches dans le village de Bwiza, dans le territoire de Rutshuru, province du Nord-Kivu, lorsqu’un engin explosif a explosรฉ.
Il a perdu son bras droit et sa jambe droite dans l’explosion, qui a tuรฉ un autre agriculteur qui l’accompagnait.
Les combats avaient รฉclatรฉ ร l’รฉpoque, dans le cadre d’une escalade dramatique d’un conflit qui durait depuis dix ans dans cette rรฉgion riche en minerais, oรน le M23 s’รฉtait emparรฉ de vastes territoires.





Le M23, groupe armรฉ anti-gouvernemental, fait partie d’une sรฉrie de groupes armรฉs prรฉsents dans l’est de la RDC, rรฉgion en proie ร des violences internes et transfrontaliรจres depuis trois dรฉcennies, en partie liรฉes au gรฉnocide rwandais de 1994.
Au dรฉbut de cette annรฉe, des affrontements ont รฉclatรฉ entre les combattants du M23 et les forces armรฉes congolaises aprรจs que le M23 ait lancรฉ une offensive รฉclair pour s’emparer de deux capitales provinciales clรฉs.
Les combats ont atteint les zones pรฉriphรฉriques du village de Muhire. En quelques semaines, les villes de Goma et Bukavu sont tombรฉes aux mains du M23 aprรจs une campagne qui a fait des milliers de morts et de blessรฉs.
Malgrรฉ la signature ร Washington, le 4 dรฉcembre, d’un accord de paix nรฉgociรฉ par les รtats-Unis entre les dirigeants du Rwanda et de la RDC, les affrontements se sont poursuivis dans la rรฉgion.
Quelques jours seulement aprรจs la signature, le groupe M23 a lancรฉ une nouvelle offensive, visant la ville stratรฉgique d’Uvira, ร la frontiรจre avec le Burundi, alliรฉ militaire de la RDC.
Plus de 800 personnes blessรฉes par des armes, des mines ou des munitions non explosรฉes ont รฉtรฉ soignรฉes cette annรฉe dans des centres soutenus par le Comitรฉ international de la Croix-Rouge (CICR) dans l’est de la RDC.
Plus de 400 d’entre elles ont รฉtรฉ transportรฉes au centre Shirika la Umoja ร Goma, spรฉcialisรฉ dans le traitement des amputรฉs, a indiquรฉ le CICR.
ยซ Nous allons recevoir des prothรจses et nous espรฉrons reprendre bientรดt une vie normale ยป, a dรฉclarรฉ Muhire, un patient du centre.
– ยซ Vivre avec la guerre ยป –
Dans une piรจce voisine, d’autres victimes du conflit, dont des enfants, pรฉdalaient sur des vรฉlos ou se passaient un ballon.
Certains boitaient sur un pied, tandis que d’autres essayaient de s’habituer ร une nouvelle jambe en plastique.





ยซ Une amputation n’est jamais facile ร accepter ยป, a dรฉclarรฉ Wivine Mukata, orthoprothรฉsiste.
Le centre a รฉtรฉ crรฉรฉ il y a environ 60 ans par une association catholique belge et dispose d’un atelier de fabrication de prothรจses, d’attelles et d’appareils orthopรฉdiques.
Pieds, mains, barres mรฉtalliques et broches : des membres entiers sont reconstruits.
Les feuilles de plastique sont ramollies dans un four avant d’รชtre moulรฉes et refroidies. Mais trop souvent, le centre manque de matรฉriel et de techniciens qualifiรฉs.
Selon Sylvain Syahana, responsable administratif du centre, chaque nouvelle flambรฉe de violence entraรฎne un afflux de patients.
ยซ Nous vivons avec la guerre depuis longtemps ยป, ajoute-t-il.
Environ 80 % des patients du centre subissent aujourd’hui une amputation due ร des blessures par balle, contre la moitiรฉ il y a environ 20 ans, prรฉcise-t-il.
ยซ Cela montre clairement que plus la guerre dure, plus il y a de victimes ยป, conclut M. Syahana.
Humaniterre avec AFP






