Kinshasa, RD Congo
Lundi 20 janvier 2025
Riche en ressources naturelles, la partie orientale de la RDC est en proie depuis prรจs de 30 ans aux violences de groupes armรฉs, certains locaux, d’autres constituรฉs de miliciens originaires de pays voisins. Leย M23 (“Mouvement du 23 mars”), soutenu par le Rwanda et 3.000 ร 4.000 soldats rwandais dรฉployรฉs ร ses cรดtรฉs, s’est emparรฉ depuis sa rรฉsurgence fin 2021 de vastes pans de territoire dans le Nord-Kivu, jusqu’ร encercler Goma, la capitale provinciale.
“L’escalade des affrontements entre les groupes armรฉs non รฉtatiques et l’armรฉe congolaise dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu intensifie l’une des crises humanitaires les plus alarmantes au monde, mais dont on ne parle pas assez, marquรฉe par des violations gรฉnรฉralisรฉes des droits humains et des dรฉplacements forcรฉs massifs”, indique le HCR dans un communiquรฉ.
Une porte-parole du HCR, Eujin Byun, a expliquรฉ lors d’un point de presse ร Genรจve (Suisse) que “les violences en cours ont fortement limitรฉ l’accรจs humanitaire ร court terme”, en raison de l’insรฉcuritรฉ et des barrages routiers, et “laissรฉ les populations dรฉplacรฉes dans un besoin dรฉsespรฉrรฉ d’abris, de nourriture, d’eau potable et de soins mรฉdicaux”, aggravant des conditions de vie dรฉjร dรฉsastreuses.
Ces derniรจres semaines, le M23, groupe armรฉ considรฉrรฉ par Kinshasa comme un “mouvement terroriste”, a gagnรฉ du terrain, prenant notamment le contrรดle de Masisi, capitale administrative du territoire รฉponyme situรฉ dans la province du Nord-Kivu. L’armรฉe congolaise, qui s’est dite “dรฉterminรฉe” ร reprendre les territoires perdus, mรจne depuis plusieurs jours des contre-offensives et la situation reste confuse dans plusieurs zones.
L’armรฉe congolaise est appuyรฉe par de groupes “wazalendo”, nom signifiant “patriotes” en swahili et dรฉsignant une nรฉbuleuse de milices locales pro-Kinshasa.
Vendredi, des affrontements avec dรฉtonations d’armes lourdes รฉtaient signalรฉs ร Kabingo et Ruzirantaka, localitรฉs situรฉes entre les provinces du Nord et du Sud-Kivu, selon des habitants joints au tรฉlรฉphone par l’AFP.
– Violences continuelles –
Du 1er au 6 janvier, des combats intenses dans les territoires de Masisi et de Lubero, dans la province du Nord-Kivu, ont forcรฉ environ 150.000 personnes ร fuir leurs maisons, selon le HCR.
Beaucoup d’entre eux ont d’abord cherchรฉ refuge dans le territoire de Masisi, au nord-ouest de Goma, la principale ville du territoire, avant d’รชtre ร nouveau dรฉplacรฉs au fur et ร mesure que la violence s’รฉtendait.
Dans la province voisine du Sud-Kivu, la derniรจre รฉpisode de violences remonte ร Noรซl dans le territoire de Fizi, oรน l’armรฉe congolaise indiquait se battre contre une coalition de trois groupes armรฉs locaux (Twirwaneho, Gumino et Makanika). L’armรฉe avait accusรฉ cette coalition de chercher ร prendre possession de l’aรฉrodrome de Kiziba ร Minembwe.
Aux violences entre communautรฉs dans la rรฉgion s’ajoutent des troubles liรฉs ร la prรฉsence de groupes rebelles burundais, tels que RED-Tabara et les FNL (Forces nationales de libรฉration).
Les autoritรฉs locales ont signalรฉ le dรฉplacement de 84.000 personnes sur le territoire de Fizi, au Sud-Kivu, selon le HCR.
“Dans les deux rรฉgions, les civils subissent des bombardements aveugles et des violences sexuelles. L’utilisation d’armes lourdes dans les zones peuplรฉes a fait de nombreuses victimes civiles, y compris des enfants”, a alertรฉ Mme Byun.
“Environ 25.000 personnes dรฉplacรฉes sont retournรฉes ร Masisi-Centre ร la suite d’une accalmie temporaire de la violence le 4 janvier. Cependant, la reprise des affrontements le 9 janvier a forcรฉ de nombreuses personnes ร fuir ร nouveau”, a-t-elle expliquรฉ, affirmant que les civils sont confrontรฉs continuellement ร la violence, y compris le recrutement forcรฉ.
L’appel annuel de fonds du HCR pour la RDC est financรฉ ร moins de 10%, sur les 226 millions de dollars demandรฉs.
Humaniterre avec AFP