Vendredi 26 juillet 2024
Kinshasa,ย RD Congo
Des experts de l’ONU ont alertรฉ jeudi sur une “augmentation alarmante de la traite des รชtres humains ร des fins d’exploitation sexuelle” dans l’est de la Rรฉpublique dรฉmocratique du Congo en raison des conflits et dรฉplacements de population.
Dans un communiquรฉ, ces experts indรฉpendants, mandatรฉs par le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, expriment aussi leur “inquiรฉtude quant ร la fermeture” de la Mission de l’ONU en RDC (Monusco).
Celle-ci vient de quitter la province du Sud-Kivu et son retrait est รฉgalement prรฉvu du Nord-Kivu et de l’Ituri, les deux derniรจres provinces oรน elle opรจre encore, ร une รฉchรฉance non dรฉterminรฉe.
Les experts se disent “alarmรฉs par les informations faisant รฉtat d’une traite gรฉnรฉralisรฉe des personnes, en particulier ร des fins d’esclavage et d’exploitation sexuels, et d’une augmentation des mariages d’enfants et des mariages forcรฉs”.
Ces faits sont observรฉs, disent-ils, “en raison du conflit et des dรฉplacements de population dans l’est” de la RDC.
Cette rรฉgion est en proie depuis 30 ans aux violences de nombreux groupes armรฉs, hรฉritรฉs pour beaucoup des conflits des annรฉes 1990-2000.
La crise s’est aggravรฉe depuis deux ans et demi dans le Nord-Kivu, oรน l’avancรฉe territoriale d’une rรฉbellion soutenue par le Rwanda (le M23) a provoquรฉ des dรฉplacements massifs de population.
Les experts disent avoir eu connaissance d'”au moins 531 victimes de violences sexuelles” liรฉes aux conflits d’aoรปt 2023 ร juin 2024 dans le Nord-Kivu mais รฉgalement le Sud-Kivu, l’Ituri, le Tanganyika et le Maniema.
“Les allรฉgations qui nous ont รฉtรฉ rapportรฉes dรฉcrivent des femmes et des filles dรฉplacรฉes enlevรฉes” ร des fins de violence, exploitation ou esclavage sexuels, “alors qu’elles รฉtaient ร la recherche de nourriture ou de bois de chauffage, ou qu’elles participaient ร des activitรฉs agricoles”, prรฉcisent les experts.
“Les rapports faisant รฉtat de l’implication des forces de sรฉcuritรฉ et de dรฉfense (…) sont trรจs prรฉoccupants”, ajoutent-ils.
“Nous craignons qu’avec le retrait de la Monusco, des รฉlรฉments clรฉs des systรจmes d’alerte prรฉcoce sur les violations des droits de l’Homme ne soient plus opรฉrationnels”, รฉcrivent-ils encore.
Aprรจs 25 ans de prรฉsence, le retrait de la Monusco a รฉtรฉ rรฉclamรฉ par les autoritรฉs congolaises qui la jugent inefficace dans la lutte contre les groupes armรฉs.
La RDC, dont la population est estimรฉe ร une centaine de millions d’habitants, compte quelque 7 millions de dรฉplacรฉs dont 2,8 millions dans le Nord-Kivu, selon l’ONU.
Humaniterre avec ย AFP