- Pourquoi n’y a-t-il pas de sécurité alimentaire à Abidjan malgré les atouts naturels et un bilan alimentaire acceptable ?
Cette situation est due aux difficultés tant au niveau de la production que de la distribution:
- Au niveau de la production :
Les autorités politiques ivoiriennes ont, dès l’accession à l’indépendance, à l’instar de tous les pays en développement et africains en particuliers, accordé la préférence aux cultures de rente ou d’exportation (café, cacao, palmier à huile, …) pourvoyeuses de devises nécessaires au développement économique ; au détriment des cultures vivrières utiles à l’alimentation donc à la survie des populations. De plus le système de production est trop dépendant des saisons ; de sorte que pendant les saisons sèches, il y a une pénurie naturelle des denrées alimentaires sur les marchés.
- Au niveau de la distribution :
Abidjan, principal pôle urbain de consommation nationale est à l’image des autres capitales africaines, largement dépendante de l’arrière pays pour son approvisionnement en denrées alimentaires. Ce sont des zones de production parfois très éloignées qu’il il faut sortir les productions pour atteindre la capitale; ce qui rend la distribution parfois difficile. En Côte d’Ivoire, cette tâche difficile que constitue le ravitaillement des marchés et particulièrement ceux d’Abidjan, est assurée par la FENACOVICI (Fédération Nationale des Coopératives de Vivriers en Côte d’Ivoire) et d’autres acteurs privés avec l’appui de l’office de la commercialisation des produits vivriers (OCPV). Cependant cette tâche demeure laborieuse et très difficile parce qu’il n’existe aucun système formel d’approvisionnement et de distribution des vivriers en Côte d’Ivoire (insuffisance des moyens logistiques et financiers, d’infrastructures routières et commerciales, et surtout absence de cadre réglementaire et d’encadrement).
2- Comment garantir une sécurité alimentaire durable pour les grandes agglomérations africaines et particulièrement pour Abidjan?
La sécurité alimentaire est devenue une priorité nationale pour la Côte d’Ivoire et tous les autres pays africains depuis la crise alimentaire et les émeutes de la faim. Les défis à relever pour y parvenir sont de trois ordres :
- La production des aliments : il faut accroître la production de les toutes denrées, surtout le riz et des protéines animales dont le pays est déficitaire. De plus il est nécessaire de stabiliser la production sur toutes les saisons et d’une année à une autre. Pour cela l’Etat doit accorder des subventions aux producteurs (crédits, intrants, encadrement, mécanisation, etc.); ce qui est en voie d’exécution pour l’une de ses composante, avec le Projet « tous pour le riz ».
- Au niveau de la distribution : l’Etat doit mettre en place un système formel d’approvisionnement et de distribution des denrées alimentaires. Ce qui pourrait réduire le coût des aliments de base et permettre une plus grande accessibilité, contribuant ainsi à renforcer la sécurité alimentaire des ménages. Aussi, les pouvoirs publics devraient- ils se pencher sur le financement (transport, commercialisation et recherche sur la conservation des aliments périssables, transformation) et l’amélioration des infrastructures physiques de commercialisation (réseau routier, centres de collecte et de groupage, magasins de stockage, marchés de gros, etc.) et non physiques (informations, encadrement, régulation, etc.).
- La consommation : l’Etat doit veiller à la qualité des produits et sensibiliser la population à une alimentation variée et équilibrée pour une vie saine et active.
La souveraineté alimentaire : condition essentielle pour une sécurité alimentaire durable des pays africains
La nourriture n’est pas une marchandise comme les autres, il en va de la sécurité alimentaire des humains, elle ne peut donc être subordonnée aux froides règles du libre échange selon John Madeley, in ‘’Le commerce de la faim, la sécurité alimentaire sacrifiée à l’autel du libre échange’’.
Ces règles assujettissent les politiques agricoles des pays en développement au commerce.
Cependant la dépendance extérieure est un frein à la sécurité alimentaire. Pour être indépendant et vivre dignement, sans pression extérieure, les Etats africains doivent posséder les bases pour nourrir eux-mêmes leurs populations. De ce fait, ils doivent rechercher la souveraineté alimentaire, qui pourrait se définit comme le droit et le pouvoir d’un pays ou d’une communauté de déterminer la production, la distribution et la consommation de sa nourriture en fonction de ses goûts et de ses traditions. Elle ne fait pas du commerce sa priorité mais plus tôt, la satisfaction des besoins alimentaires des populations.
M-L KIN Collaboration : E. Adou