Johannesburg,ย Afrique du Sud
Samedi 12 juillet 2025
Mais les contaminations risquent de repartir ร la hausse du fait des coupes budgรฉtaires dans les programmes de prรฉvention et de traitement.
Historiquement plus grand donateur humanitaire, les Etats-Unis ont brutalement rรฉduit leur aide internationale en fรฉvrier aprรจs l’arrivรฉe de Donald Trump ร la Maison Blanche.
“Nous sommes fiers de nos rรฉsultats mais inquiets de cette soudaine interruption, qui est en train d’effacer les progrรจs rรฉalisรฉs”, a dรฉclarรฉย la directrice exรฉcutive de l’Onusida, l’Ougandaise Winnie Byanyima, avant la prรฉsentation du rapport ร Johannesburg.
L’Afrique du Sud est l’un des pays qui ont payรฉ le plus lourd tribut au sida, avec une espรฉrance de vie qui รฉtait tombรฉe ร 52 ans en 2006, avant de remonter, et plus d’une personne sur dix vivant avec le virus (12,7%), soit 8 millions de personnes, selon des chiffres du gouvernement pour 2024.
“Nous sommes passรฉs d’une situation oรน les gens mourraient tous les jours ร un point oรน (le sida) s’apparente rรฉellement ร une maladie chronique”, souligne cependant Mme Byanyima.
Donc “la question de savoir si l’investissement (dans la prรฉvention et les traitements, ndlr) valait le coup ne se pose pas, et รงa continue de valoir la peine. Ca sauve des vies”, dit-elle.
Or, avec l’arrรชt du plan d’urgence amรฉricain de lutte contre le sida (PEPFAR), l’Onusida a fait ses calculs : cela causerait plus de six millions de nouvelles contaminations et 4,2 millions de dรฉcรจs de plus en quatre ans.
Cela ramรจnerait la pandรฉmie aux niveaux que le monde a connu aux dรฉbut des annรฉes 2000.
– “bombe ร retardement” –
“Ce n’est pas juste un manque d’argent, c’est une bombe ร retardement”, souligne dans un communiquรฉ Mme Byanyima dont le pays compte plus d’orphelins du sida que l’Afrique du Sud (890.000 contre 630.000 en 2024, chiffres Onusida).
Plus de 60% des associations de femmes contre le sida contactรฉes ont dรฉjร perdu des fonds, ou suspendu des services, selon le rapport. Au Nigeria, par exemple, le nombre de personnes sous traitement prophylactique prรฉventif pour prรฉvenir la transmission du virus a chutรฉ de 85% sur les premiers mois de 2025.
“La maniรจre dont le monde a rรฉussi ร s’unir (contre le sida) est l’une des pages les plus importantes des progrรจs en matiรจre de santรฉ publique mondiale”, souligne Mme Byanyima.
“Mais cette fantastique histoire est fortement mise ร mal” par la dรฉcision du gouvernement US, dit-elle. “Les prioritรฉs peuvent changer mais on ne retire pas juste comme รงa un soutien vital ร des populations”.
Des recherches mรฉdicales cruciales sur la prรฉvention et les traitements ont dรฉjร รฉtรฉ stoppรฉes, y compris en Afrique du Sud, pays oรน la prรฉvalence du sida est l’une des plus รฉlevรฉe au monde et ร la pointe des recherches.
La lutte mondiale contre le sida, appuyรฉe par un militantisme de terrain, reste “rรฉsiliente par nature”, veut espรฉrer la dirigeante.
Et dans 25 pays ร faibles ou moyens revenus sur 60 รฉtudiรฉs par l’Onusida, les gouvernements ont pu compenser en partie le manque ร gagner par des financements locaux.
“Nous devons aller vers des rรฉponses financรฉes nationalement et propres ร chaque pays”, avance Mme Byanyima, en appelant ร des allรจgements de dette et ร une rรฉforme des institutions financiรจres internationales afin de “dรฉgager une marge de manลuvre budgรฉtaire pour que les pays en dรฉveloppement puissent financer leur propre rรฉponse”.
Humaniterre avec AFP