Lundi 09 septembre 2024
Windhoek, Namibie
La Namibie a entamรฉ l’abattage de plus de 700 animaux sauvages – dont des hippopotames, รฉlรฉphants, buffles ou zรจbres – notamment pour nourrir les populations affamรฉes par la pire sรฉcheresse depuis des dรฉcennies, a annoncรฉ mardi le ministรจre de l’Environnement.
D’ores et dรฉjร , quelque 160 animaux ont รฉtรฉ tuรฉs dans le cadre de cette mesure gouvernementale annoncรฉe la semaine passรฉe, qui permettra รฉgalement, en plus de fournir de la viande ร des milliers de personnes, d’allรฉger la pression sur les ressources en pรขture et en eau minรฉes par la sรฉcheresse.
Des chasseurs professionnels ont รฉtรฉ chargรฉs d’abattre 30 hippopotames, 83 รฉlรฉphants, 60 buffles, 100 gnous bleus, 300 zรจbres, 100 รฉlands et 50 impalas (deux sortes d’antilopes). La plupart de ces animaux vivent dans les parcs nationaux protรฉgรฉs du pays.
Au moins 157 de ces 723 animaux ont d’ores et dรฉjร รฉtรฉ abattus a indiquรฉ Romeo Muyunda, porte-parole du ministรจre, sans donner d’รฉlรฉment sur la durรฉe du processus.
L’abattage des 157 premiers animaux a permis de “fournir 56.875 kg de viande”, indique le ministรจre dans un communiquรฉ.
“Notre but est de mener cette opรฉration de faรงon durable tout en minimisant le traumatisme autant que possible. Nous devons sรฉparer les animaux devant รชtre chassรฉs de ceux qui ne le sont pas”, a expliquรฉ le porte-parole.
Conformรฉment ร l’interdiction mondiale du commerce de l’ivoire, les dรฉfenses des รฉlรฉphants abattus seront stockรฉes dans des entrepรดts gouvernementaux.
La Namibie a dรฉcrรฉtรฉ en mai l’รฉtat d’urgence en raison de cette sรฉcheresse qui touche plusieurs pays d’Afrique australe.
– Elections en vue –
Le Programme alimentaire mondial (Pam) de l’Onu a indiquรฉ en aoรปt qu’environ 1,4 million de Namibiens, soit plus de la moitiรฉ de la population, connaissait une insรฉcuritรฉ alimentaire sรฉvรจre, la production cรฉrรฉaliรจre ayant dรฉgringolรฉ de 53% et les niveaux d’eau des barrages de 70% par rapport ร l’an passรฉ.
L’association de dรฉfense des animaux Peta a publiรฉ sur son site une lettre adressรฉe au Premier ministre Saara Kuugongelwa-Amadhila, lui demandant de “reconsidรฉrer” cette mesure, “non seulement cruelle, mais aussi dangereusement ร courte vue et qui n’aura aucun effet ร long terme”.
Dans cette lettre le vice-prรฉsident de Peta, Jason Baker, estime que l’abattage pourrait en outre dรฉsรฉquilibrer les รฉcosystรจmes.
Un groupe de chercheurs et dรฉfenseurs africains de l’environnement a de son cรดtรฉ estimรฉ dans un communiquรฉ que cet abattage de masse รฉtablissait un prรฉcรฉdent autorisant les gouvernements “ร exploiter la faune protรฉgรฉe et les parcs nationaux sous couvert de besoins humanitaires”.
Ils se demandent si une รฉtude d’impact environnemental, un recensement du gibier et des รฉvaluations de l’insรฉcuritรฉ alimentaire ont รฉtรฉ menรฉs avant de dรฉcider la mesure d’abattage.
Ils soulignent que celle-ci intervient ร l’approche des รฉlections gรฉnรฉrales de novembre en Namibie et estiment que la viande vise ร รชtre distribuรฉe dans les zones oรน le parti au pouvoir, la Swapo, rencontre une forte opposition.
L’abattage devrait aussi gรฉnรฉrer d’importants revenus grรขce aux licences de chasse accordรฉes aux chasseurs, ajoutent-ils, dรฉmentant que la Namibie soit submergรฉe par les รฉlรฉphants, dont le nombre est estimรฉ ร environ 20.000 dans le pays.
Le Fonds mondial pour la Nature (WWF) estime qu’il ne reste qu’environ 415.000 รฉlรฉphants sur le continent (contre 3 ร 5 millions au dรฉbut du XXe siรจcle). Les รฉlรฉphants d’Afrique et d’Asie sont considรฉrรฉs comme menacรฉs d’extinction, ร l’exception des populations d’Afrique du Sud, du Botswana, de Namibie et du Zimbabwe, considรฉrรฉes comme vulnรฉrables.
Humaniterre avec AFP