Genève, Suisse
Lundi 16 juin 2025
Haïti risque de connaître un “effondrement humanitaire” dans un contexte d’accroissement des violences impliquant des gangs mais aussi des groupes d’autodéfense, a affirmé jeudi une responsable du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
“La quasi-totalité de la capitale est déjà sous le contrôle des groupes armés. Si la situation s’aggrave, la population n’aura plus d’espace ni d’endroit où aller”, a déclaré à des journalistes la cheffe de délégation du CICR en Haïti, Marisela Silva Chau, en marge d’une réunion des délégués de l’organisation à Genève.
“Nous sommes très inquiets, car la situation atteint un point où nous pourrions assister, dans un avenir proche, à un effondrement humanitaire”, a-t-elle ajouté.
Pays le plus pauvre des Amériques, Haïti subit depuis longtemps la violence des bandes criminelles, accusées de meurtres, viols, pillages et enlèvements, dans un contexte d’instabilité politique.
“Il y a 6 millions de personnes, soit la moitié de la population, qui ont besoin d’une aide urgente, 80% de la capitale sous le contrôle des groupes armés, 1,3 million de déplacés internes (…) et seulement 40% des structures de santé qui fonctionnent”, a détaillé Mme Silva Chau.
“Haïti est clairement la pire crise humanitaire de l’hémisphère occidental”, a-t-elle indiqué.
La responsable a expliqué qu’un changement s’était produit l’an dernier lorsque “200 à 300 groupes armés, qui s’étaient affrontés pendant des années, se sont unis sous la bannière de la coalition ‘Viv Ansanm’ (Vivre Ensemble, ndlr)”.
Selon elle, ce “changement de paradigme dans la dynamique de la violence armée” exerce une pression sans précédent sur la population, aboutissant à la création de “groupes d’autodéfense composés de membres de la population”.
Cette situation risque de déboucher sur “une disponibilité généralisée des armes” au sein de la population qui ne sera plus passive face aux violences mais “activement engagée dans les confrontations armées”, a-t-elle averti.
“Une telle situation réduirait l’espace humanitaire et il n’y aurait alors aucun moyen disponible pour permettre à la population de survivre”, a-t-elle conclu.
Le pays est dirigé par des institutions de transition et a connu un nouveau regain de violence depuis mi-février.
Les gangs, qui contrôlent environ 85% de Port-au-Prince selon l’ONU, ont multiplié les attaques dans plusieurs zones qui échappaient jusque-là à leur contrôle, semant la terreur parmi la population.
Et ce en dépit du déploiement partiel de la mission multinationale de sécurité (MMAS) menée par le Kenya pour aider la police haïtienne dépassée.
Humaniterre avec AFP