Marienberg,ย Cameroun
Janvier 2025
“Nรฉnuphar, Etoile… Allons, allons, allons!” C’est l’heure du dรฉjeuner au paradis des singes, chapelet d’รฎles boisรฉes sur le fleuve Sanaga au Cameroun, transformรฉ en sanctuaire pour chimpanzรฉs, espรจce en danger de disparition.
Depuis sa pirogue, Fabrice Moudoungue, n’a qu’ร tendre l’oreille pour reconnaรฎtre le cri des bรชtes en semi-autonomie.
Le soignant de l’association Papaye International connaรฎt chacun des 34 chimpanzรฉs du sanctuaire comme des membres de sa famille: “On passe tout le temps, tous les jours avec eux”, confie-t-il avec bonheur.
Au menu du jour: des tomates, des bananes, de la noix de coco et mรชme des dattes. Le responsable des chimpanzรฉs des รฎles est accueilli avec excitation par les primates. Un rapport privilรฉgiรฉ avec ce singe d’ordinaire si craintif, nourri par un contact et des soins quotidiens.
En s’approchant de l’รฎle de Yatou, Franรงois Elimbi, le responsable du sanctuaire, est accueilli par les bras de Miel, une femelle relรขchรฉe en 2019 aprรจs environ 10 ans de soins.
“Ca ne s’explique pas, c’est trรจs fort, รงa donne mรชme la chair de poule quand tu vois un singe qui te fait un cรขlin. Lร รงa veut dire qu’il te reconnaรฎt encore, tu es son ami”, interprรจte-t-il, รฉmu par le geste de la bรชte noire poilue, si proche des humains.
Les chimpanzรฉs partagent “98% d’ADN commun avec les hommes”, fait valoir Marylin Pons Riffet, la prรฉsidente de Papaye International,ย qui voyage entre laย France et le Cameroun pour dรฉfendre un animal “en danger dans le monde sauvage” ร cause d’un seul prรฉdateur,ย l’homme.
– Orphelins –
L’espรจce est extrรชmement menacรฉe par la disparition de son habitat et par le braconnage, sa chair รฉtant consommรฉe malgrรฉ des interdictions.
Entre le Nigeria et le Cameroun, on compte “entre 1.200 et 2.400 spรฉcimens”, selon l’association dรฉdiรฉe au sauvetage des “chimpanzรฉs orphelins qui sont jeunes et ont besoin de la main tendue de l’homme”.
Sur trois รฎles, il s’agit d’offrir un espace serein et rรฉpondre au mieux aux besoins physiologiques de ces bรชtes qui ne pourraient plus survivre seules en libertรฉ.
Encore trop jeunes pour l’autonomie des รฎles, Tchossa et Conso jouent, profitent d’une balanรงoire et dorment dans des hamacs d’une grande cage installรฉe prรจs des logements des soignants.
Alioum Sanda, un des soignants, a pris ร coeur le rรดle de “maman de substitution” pour ces petites boules de poils, notamment pour Conso, petit singe malicieux d’environ 6 ans.
“Je lui mettaisย les couches, je l’essuyais avec les lingettes. Quand il y avait des blessures on essayait de soigner jusqu’ร ce soit rรฉtabli”, raconte-t-il en montrant des cicatrices des violences infligรฉes au petit, encore trรจs jeune quand sa mรจre a รฉtรฉ tuรฉe par des braconniers.
Un travail minutieux et essentiel pour celui qui refuse de voir la prรฉsence des chimpanzรฉs se rรฉduire ร un souvenir:ย “On doit essayer de les prรฉserver pour que nos gรฉnรฉrations futures voient aussi cette espรจce.”
Fondรฉe en 2001, l’association financรฉe par 30 millions d’amis et la fondation Brigitte Bardot reรงoit rรฉguliรจrement des รฉco-volontaires du monde entier.
HUMANITERRE AVEC AFP